Le président de la Fédération burkinabè de football (FBF), Sita Sangaré, dans une interview qu’il nous a accordée le 3 février 2017, a affirmé que « tous les moyens sont mis pour la qualification des Etalons » à la prochaine coupe du monde de football en Russie.
Wakat Séra : Quelle est votre appréciation de l’organisation de la CAN Gabon 2017 ?
Sita Sangaré : Compte tenu du contexte au Gabon, je peux dire que les choses ont été relativement bien organisées. Il est vrai que pour toute organisation il peut y avoir des manquements, mais globalement je pense que le Gabon a tiré son épingle du jeu.
Quels sont les points positifs que vous avez notés ?
Au niveau de l’équipe du Burkina Faso, ils ont mis suffisamment de moyens roulants. Le bus était disponible, les chauffeurs également. Il y avait trois petits véhicules affectés à la délégation et je pense que cela est appréciable. Du point de vue des infrastructures, il n’y a pas eu trop de problème. Moi j’ai beaucoup apprécié cela. Je pense que le dispositif sécuritaire était présent, courtois mais ferme. C’est autant d’aspects que moi je relève de l’organisation de cette CAN Gabon 2017.
Une autre appréciation, celle du parcours des Etalons à la CAN Gabon 2017…
L’objectif, compte tenu de la CAN 2015 en Guinée Equatoriale, était de faire oublier ce parcours désastreux. Donc nous avons demandé aussi bien aux joueurs qu’au staff technique de tout faire pour avoir une prestation honorable. Mais en parlant de prestation honorable, nous n’avions pas fixé de chose. Mais implicitement, on entendait pouvoir au moins s’extirper des phases de poules. A partir de ce moment, tout ce qui arrivait pouvait être considéré comme un bonus. Mais l’appétit venant en mangeant, les joueurs, aussi bien que le staff ont vu que c’est possible de jouer le titre. Malheureusement, nous sommes tombés à l’épreuve des tirs au but, mais je retiens beaucoup de choses positives de ce parcours.
L’on peut imaginer donc aisément votre déception face à une équipe de l’Egypte quand même prenable!
Oui, l’Egypte était prenable, parce que l’on a vu qu’elle n’a pas produit un grand jeu sur le terrain. Mais compte tenu de son expérience, elle était venue certainement en ayant en tête qu’elle ne pouvait pas venir à bout de cette équipe du Burkina Faso sur le terrain. Il fallait donc qu’elle joue avec son expérience pour pouvoir s’en tirer soit sur des actions de contre, soit pour arriver à l’épreuve des tirs au but parce que l’on a vu qu’ils n’étaient pas du tout maladroit. Parce que si vous voyez le but plein de sang-froid et d’habileté technique de Mohamed Salah, je pense que l’on n’était pas à l’abri d’une autre situation de ce genre en cours de ce match. Je pense que c’est ce scénario que les Egyptiens avaient préparé. Nous étions au-dessus, mais je pense qu’il n’y a pas de déception. Pour moi le football est un spectacle et il faut tout faire pour produire du jeu. Et comme les Etalons ont produit du jeu, moi à mon niveau cela efface toute forme de déception.
Ce parcours rappelle aux souvenirs de la participation à la CAN 2013 qui avait presqu’ouvert la voie à la qualification à la coupe du monde. Le même scénario est-il envisageable ?
Vous devez vous rappeler que quand Duarte est arrivé, il a signifié que son premier objectif est la qualification à la coupe du monde. Je vous assure qu’au niveau du groupe les joueurs sont très déterminés pour pouvoir faire ce suprême honneur à notre peuple et je pense que tant au niveau du comité exécutif de la Fédération burkinabè de football et à celui des plus hautes autorités du pays, tous les moyens sont mis pour que ce rêve puisse devenir une réalité.
Un rêve qui peut devenir réalité, mais comment le pourrait-il avec un groupe qui pourra difficilement se maintenir, nous pensons à Charles Kaboré qui a parlé de raccrocher avec l’équipe nationale ?
En la matière, jouer au football de haut niveau pendant une longue période, ce n’est pas évident ! Sinon Charles Kaboré n’est pas du tout vieux, mais comme il est au haut niveau depuis très longtemps, il peut éprouver le besoin de se retirer et cela est compréhensible. Mais moi je pense que notre équipe nationale a encore besoin de Charles Kaboré et de son expérience. Nous allons avoir une discussion avec lui pour le convaincre de rester et continuer d’encadrer les plus jeunes. Je dois dire que pour les éliminatoires de la coupe du monde, nous en avons parlé et avant même de venir à la CAN Gabon 2017, il parlait de se retirer de la CAN après cette édition mais il a rassuré qu’il continue avec les éliminatoires de la coupe du monde. Nous allons poursuivre les échanges avec lui, parce qu’une équipe ne se renouvelle pas comme ça à 100%, c’est suicidaire de le faire. C’est au fur et à mesure que cela se fait. Mais nous avons un bon dosage. Il y a des jeunes qui sont arrivés et d’autres arriveront. Il y en a qui sont prêts à rejoindre l’équipe nationale, mais nous allons toujours continuer avec les anciens afin qu’ils puissent encadrer les jeunes efficacement.
Mais que l’on le veuille ou pas, il y a certains joueurs qui sont à la porte de sortie de la sélection nationale ! Quelles est votre politique pour assurer la relève ?
Au niveau de la Fédération, beaucoup d’efforts sont faits. Au niveau du comité exécutif nous avons dit que la relève doit être au centre de nos préoccupations. Nous sommes là et souhaitons continuer les discussions avec les autorités afin que des efforts soient produits surtout au niveau des moyens financiers pour permettre vraiment le développement des petites catégories au Burkina Faso. La volonté est là. Avec un minimum, le comité a tenu à organiser ces championnats et il faut que tous comprennent que cela est important. Il faut que le comité exécutif de la Fédération burkinabè de football soit soutenu dans cette politique de développement du football à la base. Et vous l’avez dit il y a des joueurs qui vont obligatoirement prendre leur retraite. Mais je ne suis pas inquiet pour les court et moyen termes. Nous avons un bon vivier de jeunes joueurs talentueux. Il y a certains qui ont été injectés dans l’équipe, tels que Steve Yago, Bertrand Traoré, Blati… Ce sont des jeunes qui n’ont pas encore 25 ans. Du reste actuellement plus de la moitié de l’équipe a moins de 25 ans. Et de nombreux autres jeunes tapent à la porte et veulent venir. Ils vont venir et vous verrez qu’ils tous aussi talentueux. Mais à long terme, il faut forcement miser sur la jeunesse et nous allons nous y atteler.
Quelle sera la clé de répartition de l’argent gagné à la CAN 2017?
Quand la CAF donne son argent, c’est bien entendu pour injecter dans le développement du football local. Donc nous allons tout faire et prioritairement pour miser sur le football des jeunes pour une meilleure organisation.
Mais avez-vous profité du séjour Gabonais pour échanger notamment avec le président Issa Hayatou sur les projets de votre programme qu’il pourrait appuyer ?
(Rire) Non les choses ne se passent pas comme ça ! Il ne faut pas penser que c’est de la mendicité. On discute en permanence et j’ai déjà été reçu en audience au cours du séjour gabonais. Sinon en permanence, on discute projets et programmes, on ne discute pas assistance. Moi je suis contre l’assistanat. Ce sont les projets structurants qui nous intéressent, mais pas aller dire que nous avons des problèmes pour financer ceci ou cela. Du reste, la CAF ne finance pas des activités, mais si nous avons des projets porteurs, la CAF peut accompagner. Au Burkina Faso, nous avons des problèmes d’infrastructures… Et je vous donne la primeur de cette information : le président Hayatou doit bientôt venir au Burkina Faso et nous allons échanger avec les autorités du Burkina Faso sur la possibilité d’abriter très bientôt une phase finale de Coupe d’Afrique au niveau des petites catégories. Donc c’est ce genre de questions qui nous intéressent et nous avançons à ce niveau parce que de façon durable c’est ce qui va profiter à notre football.
Entretien réalisé par Mariam KANDO, de retour de Libreville