Dans cette lettre adressée au président du Faso, l’Union d’action syndicale (UAS) fait savoir qu’elle est excédée et entend apporter tout son soutien aux travailleurs de l’hôtel SOPATEL Silmandé en mouvement pour la réintégration de nombre d’agents licenciés.
Excellence Monsieur le Président du Faso,
Avant tout propos, l’Unité d’Action Syndicale (UAS) vous réitère sa compassion et solidarité, ainsi qu’à l’ensemble du peuple burkinabé pour les situations difficiles que notre pays a connues ces derniers temps.
Excellence Monsieur le Président du Faso,
Par correspondance N°2017-011/UAS/CS-SA/PDM en date du 1er juin 2017, l’Unité d’Action Syndicale (UAS) vous informait de la situation de crise qui prévalait à l’Hôtel SOPATEL SILMANDE en vous invitant à prendre des dispositions urgentes eu égard à la défaillance des services habilités à faire appliquer la loi et/ou respecter les décisions des autorités face au patron de l’Hôtel SOPATEL SILMANDE.
L’Unité d’Action Syndicale (UAS) dans ladite correspondance écrivait ceci :
« C’est avec un sentiment d’exaspération que nous venons à vous pour protester vigoureusement contre la situation qui prévaut à l’Hôtel SOPATEL SILMANDE. La prise de service du nouveau directeur général de l’hôtel en mars 2017, M. Omar SALL, a été suivie par la prise de mesures unilatérales et surtout par un comportement irrespectueux vis-à-vis du personnel. La volonté de dialogue des délégués du personnel et les suggestions qu’ils ont tenté de lui faire ont buté contre un refus de les écouter et des menaces qui ont abouti à une cascade de licenciements qui touchent aujourd’hui trente agents, en plus des onze qui ont été licenciés depuis l’arrivée du nouveau Directeur Général.
Ces licenciements ont été opérés en bravant toutes les initiatives et décisions prises par les autorités nationales :
- rencontres initiées par le ministère de la culture, des arts et du tourisme les 1er, 14 et 16 mai 2017 avec toutes les parties concernées par le conflit ;
- correspondance adressée par le Ministre de la culture, des arts et du tourisme au Président du Conseil d’Administration de l’Hôtel SOPATEL SILMANDE en date du 19 mai l’invitant « à surseoir sans conditions aux licenciements, à annuler les décisions déjà prises concernant les 25 licenciements et les 12 suspensions et à reprendre sans délai les concertations devant aboutir à un règlement amiable de la crise ;
- rencontres initiées par la Direction Régionale du Travail et de la Protection sociale du Centre avec la Direction Générale, puis avec les représentants des travailleurs ;
- lettre adressée par le Directeur Régional du Travail et de la Protection Sociale du Centre pour notifier au Directeur général son refus de lui accorder l’autorisation de licenciement des délégués du personnel et des délégués syndicaux.
C’est donc au mépris de ces différentes autorités, de leurs recommandations et décisions que la direction générale de l’hôtel a procédé aux licenciements, en bénéficiant de l’appui d’une unité de la gendarmerie nationale. Et aussi contre les textes, elle a bloqué les salaires des travailleurs. ».
Depuis cette date du 1er juin 2017, et au nom du dialogue social tant magnifié dans notre pays, plusieurs initiatives infructueuses ont été menées par l’UAS sur ce dossier :
- Une rencontre le 11 juin 2017 entre les Centrales Syndicales et la délégation gouvernementale à Genève, en marge de la Conférence Internationale du Travail. De celle-ci, nous avions reçu la promesse de Monsieur le Ministre de la Fonction Publique que « cette question sera réglée en Conseil de Ministres dès son retour».
- Las d’attendre ce règlement, l’UAS a demandé et obtenu de Monsieur le Ministre de la Fonction Publique, du Travail et de la Protection Sociale la convocation d’une rencontre tripartite sur cette question le 26 juin 2017 qui a produit les conclusions suivantes :
- la réintégration des travailleurs licenciés ;
- le respect des actes pris par les autorités et de la Direction Régionale du Travail du Centre dans le cadre de la crise.
La délégation de l’Hôtel SOPATEL SILMANDE qui en a pris acte et s’était engagé à transmettre aux autorités dès le lendemain 27 juin 2017 une correspondance sur ces conclusions après réunion du Conseil d’Administration. Cependant du 26 juin 2017 au 5 septembre 2017, aucune réponse n’est parvenue à l’UAS !
- Rappelons que pendant cette attente, une marche meeting d’interpellation a été organisée par l’UAS le 29 juillet 2017 et une lettre remise au Ministre du Travail de la Fonction Publique et de la Protection Sociale pour exprimer aux autorités, l’exaspération du mouvement syndical face aux licenciements abusifs des travailleurs et des délégués du personnel dans notre pays.
- Il a fallu attendre le mercredi 6 septembre 2017, soit deux mois dix jours après pour qu’une copie de la « réponse » de la direction de l’Hôtel SOPATEL SILMANDE adressée au Ministre de la Fonction Publique et datée du 4 septembre 2017, soit transmise à l’Unité d’Action Syndicale (UAS). Et cela, à la veille d’un sit-in annoncé conjointement par les travailleurs de l’Hôtel SOPATEL SILMANDE et les Comités de Défense des Acquis de l’Insurrection populaires (CDAIP)
Excellence Monsieur le Président du Faso,
Au regard de ce qui précède, l’UAS se pose légitimement les questions sur certains faits :
- Le dialogue social tant clamé est-il vraiment une préoccupation pour tous et toutes ?
- L’égalité de tous devant la loi et le respect strict de nos lois sont-elles des valeurs cultivées par tous?
- L’invite aux citoyens de ne pas se rendre justice eux-mêmes et que force doit rester à la loi ne sonnent-t-elles pas creuses ?
- Le contrôle de l’Etat sur ses structures cédées en location-gérance, de même que les audits de la privatisation des structures ne sont-ils pas un impératif de bonne gouvernance ?
Excellence Monsieur le Président du Faso,
L’UAS a pu, une fois de plus, dans la recherche de solution concertée à ce dossier, faire suspendre le sit-in du 7 septembre 2017 pour tenir une Assemblée Générale sur la réponse reçue le 6 septembre à 15 heures.
Malheureusement nous constatons que cette réponse n’a rien à voir avec les engagements pris à la rencontre du 26 juin 2017, c’est-à-dire la réintégration de tous les travailleurs licenciés abusivement!
C’est pourquoi, nous, secrétaires généraux des centrales syndicales et des syndicats autonomes, sommes aujourd’hui excédés par ces abus dont sont victimes des centaines de travailleurs, abus qui s’accompagnent souvent de mépris et d’injures vis-à-vis de notre pays.
Par conséquent, au vu du temps écoulé depuis notre correspondance du 1er juin 2017, de la situation extrêmement difficile que vivent les travailleurs licenciés de l’Hôtel SOPATEL SILMANDE, des multiples rencontres infructueuses, nous ne pourrons plus faire retarder ou suspendre toute initiative de lutte des travailleurs pour rentrer dans leurs droits. Mieux, ils auront entièrement le soutien de l’UAS voire son appui pour entreprendre des actions plus vigoureuses pour la résolution de la crise.
Veuillez croire, Excellence Monsieur le Président du Faso, en notre ferme détermination à nous battre pour le respect des normes du travail dans notre pays !
Ont signé :
Pour les Centrales syndicales :
Le Président de mois
Bassolma BAZIE
Secrétaire Général Confédéral/ CGT-B
Pour les Syndicats Autonomes :
Le Président de Mois
Juste Koumara LOGOBANA
Secrétaire Général / SYNTAS