Le président français Emmanuel Macron qui s’exprimait devant les jeunes africains, au cours du sommet Afrique-France, ce vendredi 8 octobre 2021 à Montpellier, a soutenu que son pays doit assumer sa part d’africanité s’il veut embrasser son propre avenir, sa propre destinée.
C’est un sommet nouvelle version qui se tient à Montpellier en France. Un format voulu par le chef de l’Etat de la France afin de mettre une nouvelle marche en ce qui concerne les relations entre son pays et le continent africain.
Prenant la parole avant les échanges avec les délégations venues des pays d’Afrique, le président Macron a fait savoir qu’«on ne peut pas avoir un projet d’avenir pour la France, une France qui embrasse son propre avenir, sa propre destinée si elle n’assume pas sa part d’africanité, si elle ne regarde pas à travers des pages sombres, des pages heureuses, des histoires familiales subies comme des histoires choisies, des histoires tragiques comme des histoires d’amour qui a fait et continue de faire aussi notre pays». Cela est l’une des raisons de la tenue de ce sommet nouvel format.
«Notre pays se construit dans ce rapport à l’Afrique. Et nous avons près de sept millions de Françaises et Français dont la vie est intimement, familialement, de manière directe, en première ou deuxième génération, liée à l’Afrique», a dit le président français.
Pour Emmanuelle Macron, ce sommet ne doit pas être «juste un rendez-vous et puis chacun repart chez soi et chacun reprend ses habitudes».
Il a souhaité «qu’ensemble on construise maintenant, le chemin, c’est-à-dire les autres prochains nouveaux sommets, qu’on fasse de cet événement inédit, le premier d’une longue série et qu’on arrive ensemble à bâtir une méthode que plus rien n’arrêtera, qui est celle d’un avenir choisi et construit ensemble».
«Tous autant que nous sommes dans cette salle, nous n’avons pas choisi notre histoire et notre géographie. Mais on a un choix à faire et à assumer. C’est ce qu’on veut que tout cela devienne. Nous n’avons pas choisi notre histoire, notre géographie y compris les pages les plus tragiques, les responsabilités qu’il ne faut pas occulter et la lucidité que nous devons avoir. Nous sommes les héritiers et héritières de tout ça. Mais nos générations, nous tous autant que nous sommes, la question qui nous est posée c’est comment on embrasse et comment on bâtit notre avenir». (Emmanuel Macron)
Poursuivant dans son intervention, le président Macron estime qu’«un pays comme la France qui a (une) histoire si particulière a d’abord et avant tout une responsabilité, un devoir» envers l’Afrique. Et, pour lui, ce devoir, «c’est de répondre aux aspirations et aux demandes de la jeunesse africaine et c’est d’avoir des projets qui correspondent à ses aspirations et à ce qu’elle nous demande de faire».
Ce fut des échanges sans langue de bois, sans tabou qui ont été donnés de voir, entre le président français et les jeunes africains. La démocratie, l’ingérence, les problèmes de gouvernance, les investissements, le franc CFA, la lutte contre le terrorisme, sont entre autres les sujets abordés au cours du sommet Afrique-France.
Les jeunes qui ont eu à intervenir ont tous exprimé leur besoin, leur souhait de voir une nouvelle forme de coopération entre la France et l’Afrique. Une coopération qui inspire le respect entre la France et le continent africain.
«Je pense que vous avez aujourd’hui bâti des éléments intangibles de légitimité, c’est le courage de vous être engagés, de vous être mis en déséquilibre par rapport à des gens qui vous ont critiqués de venir ici. C’est le courage de ne pas avoir la facilité qui était de rester sur une chaise et de dire ça marchera jamais parce que c’est la France, ça marchera jamais parce que ça s’est passé tout ça avant. La légitimité maintenant vous l’avez. Ce que je vous dois, c’est que la réponse se fasse dans la durée et qu’en effet, ce ne soit un sommet pour rien. Dire que nous avons fait un sommet qui ne soit pas sans lendemain, ne veut pas dire qu’il y a des réponses magiques, parce que tous les sujets qu’on a soulevés sont des sujets compliqués et qui viennent de très loin. Il y a une chose que je suis prêt à garantir c’est que moi je n’arrêterai pas le combat que j’ai commencé depuis le début et qui nous a mené jusqu’ici. Ce sommet est le début d’une nouvelle ère, c’est-à-dire le début de nouveaux rendez-vous mais surtout le début d’un processus et d’un travail. Ce que j’attends de nous collectivement, il faut qu’il y ait un travail scientifique, politique, sportif, culturel, économique et je serai en quelque sorte le garant de cela. Il y aura peut-être des dissonances, c’est inévitable. Le tout c’est qu’il y ait de la sincérité et de l’engagement. Je pense qu’il est possible d’écrire une nouvelle page.
Vous avez donné aujourd’hui la plus belle démonstration qu’on était fou de faire ça mais que c’était possible et ce n’était pas une promesse. Ne lâchez rien. N’abandonnez rien, de vos exigences, de vos intransigeances, de vos colères mais surtout de votre volonté de faire changer les choses. C’est vous qui changerez l’Afrique. La France ne changera pas l’Afrique. La France, elle peut regarder en face son passé, vouloir participer dans un dialogue sincère et redevenir équitable comme ce qu’on a fait aujourd’hui, une relation qui a été abimée et vouloir rebâtir une belle relation parce qu’elle est équitable, parce qu’elle est choisie et parce qu’elle regarde l’avenir… Notre devoir à nous c’est de permettre à nos diasporas d’y contribuer, d’apporter leur part, parce qu’elles ont cela en elles et c’est de nous permettre en quelque sorte d’être à vos côtés parce que c’est une chance pour nous de le faire…
Merci d’avoir été suffisamment fous pour y participer, d’avoir été suffisamment exigeants pour que ce ne soit pas des paroles en l’air, mais surtout d’accepter de continuer à agir, que tous ensemble nous fassions que ce jour soit un jour dont les lendemains n’auront pas le droit d’être semblables à nos passés. C’est une nouvelle page qu’on doit écrire, la page nourrit par votre exigence, votre volonté, votre détermination». (Emmanuel Macron)
Par Daouda ZONGO