L’Unité d’Action Syndicale (UAS), lors de la remise de la plateforme revendicative dans la matinée du 1er mai 2023, devant le chef du gouvernement, Me Apollinaire Kyélem de Tambèla, avait une préoccupation majeure qui est la situation très difficile que vit le Burkina Faso et ce depuis bientôt 8 ans. « Vous l’aurez remarqué, l’UAS s’est gardée depuis plus de deux ans, de mener des actions dans le sens de la satisfaction de ses revendications », a déclaré le secrétaire général de l’USTB, Président de mois, Ernest Ouédraogo, qui parlait au nom des secrétaires généraux des centrales syndicales et des syndicats autonomes.
Dans le sens de ne pas gêner la lutte contre le terrorisme, les travailleurs regroupés au sein de l’UAS se sont abstenus de mener des actions ces deux dernières années. Cependant, ils n’ont pas manqué, à diverses occasions, d’interpeller les autorités sur un certain nombre de leurs préoccupations. Parmi ces préoccupations, se trouvent les atteintes aux droits et libertés des citoyens qui sont d’actualité aujourd’hui avec les tueries de Karma, le retrait du dossier du Code du Travail de l’Assemblée législative de Transition (ALT) et certaines préoccupations particulières des syndicats des travailleurs.
L’UAS « réaffirme son soutien aux soldats et officiers honnêtes, ainsi qu’aux Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) qui se battent nuits et jours contre les groupes armés terroristes, souvent au péril de leur vie. Ce que nous tenons à souligner ce matin, c’est l’impérieuse nécessité d’obtenir une pleine et entière participation des populations à la lutte contre le terrorisme, d’où la nécessité de bannir toute complaisance vis-à-vis des fautes commises par les Forces de défense et de sécurité (FDS) ou les VDP contre les populations (exemple Dapoya, Po, Nagrin, Nouna Dori, etc.) », a soutenu son président de mois.
« La promesse du gouvernement de faire la lumière sur le drame de Karma qui fait l’actualité ne doit pas connaître le sort des enquêtes précédentes », a interpellé Ernest Ouédraogo qui demande que « les auteurs de ce massacre (soient) identifiés et punis ». Les syndicats invitent ainsi les autorités politiques et la hiérarchie militaire à la vigilance afin d’éviter toute action susceptible de servir de prétexte à l’envoi de troupes étrangères au Burkina par les puissances impérialistes. « Toute intervention que, du reste, notre peuple n’acceptera pas ! De même, la lutte contre le terrorisme doit aller de pair avec une lutte ferme contre la corruption et la mauvaise gestion des ressources nationales », a prévenu l’UAS.
Enfin, le mouvement syndical reste attentif au traitement d’un certain nombre de dossiers qu’il a initiés et qui jusque-là ne connaissent pas d’aboutissement. Il s’agit notamment du check off, des permanents syndicaux et du Code du Travail. La plateforme revendicative que l’UAS a transmis au Premier ministre est articulée sur cinq grands chapitres à savoir la sécurité des populations et de leurs biens sur l’ensemble du territoire, les mesures contre la vie chère, l’accès au logement et à la terre, le respect et l’élargissement des libertés individuelles et collectives et la promotion du travail décent, l’assainissement de la gestion des ressources nationales et une véritable souveraineté nationale.
«Monsieur le Premier Ministre, l’année dernière, vous vous souviendrez, la plateforme du 1er Mai a été réceptionnée par une forte délégation gouvernementale conduite par le Premier ministre d’alors Albert OUEDRAOGO. Un an après, aucune suite ne lui a, hélas, été donnée. Nous nourrissons alors, l’espoir que cette nouvelle plateforme bénéficiera de toute l’attention des autorités de la Transition», a conclu le président de mois de l’UAS, en présence des milliers de travailleurs qui ont marché ce lundi comme à l’accoutumée pour marquer cette journée.
Par Bernard BOUGOUM