A quelques jours de la Tabaski au Burkina Faso, les marchés à bétail grouillent de monde. A Kilwin, un quartier populaire situé dans le Nord de la ville de Ouagadougou, où une équipe de Wakat Séra a fait un tour dans la matinée du 6 juillet 2022, les commerçants ont déploré un «manque d’affluence» de leur marché, liant cela à la difficile situation sécuritaire du pays, rendant les moutons «introuvables» dans les zones d’approvisionnement.
L’ambiance était au comble dans la matinée du 6 juillet 2022, au marché à bétail de Kilwin situé sur la route nationale n°2, route de Ouahigouya, côté nord de la capitale burkinabè. Des commerçants étaient occupés à alimenter leurs bêtes, tandis que d’autres discutaient leurs prix avec des clients.
A trois jours de la fête de la Tabaski 2022, sur le territoire burkinabè, chacune des parties veut trouver son compte. Les commerçants sont préoccupés à écouler leur marchandise alors que les clients s’activent à trouver leur mouton de fête.
Mais selon le responsable du marché à bétail de Kilwin, Ousmane Kaboré, «il n’y a pas d’affluence et il n’y a pas non plus assez de moutons». «Les grandes zones où on arrivait à avoir les moutons sont pratiquement toutes fermées», affirme-t-il, évoquant ainsi les difficultés que rencontrent les commerçants pour avoir les moutons. En effet, ces derniers, pour la plupart, achètent le bétail pour le revendre à leurs clients.
Des zones d’approvisionnement inaccessibles
A en croire Ousmane Kaboré, c’est essentiellement dans les provinces environnantes telles que Yako, Ouahigouya, Djibo, Dori, Fada N’Gourma, Léo, Sapouy que lui et ses collègues trouvent les bêtes. Du fait de la dégradation de la situation sécuritaire, certaines localités d’approvisionnement sont inaccessibles.
«Le marché de Djibo qui est l’un des plus grands marchés qui nous fournit beaucoup de moutons est fermé depuis trois mois. C’est pareil pour la ville de Dori, avec les derniers évènements (l’axe Kaya-Dori coupé par des hommes armés, ndlr), on n’ a pas pu y faire un tour», détaille Ousmane Kaboré.
Ces faits sont corroborés par Idrissa Kouanda, lui aussi commerçant, qui explique que les prix sont par conséquent, devenus plus chers par rapport aux années précédentes. «Les moutons qu’on pouvait avoir à 175 ou 200 000F CFA de par le passé, sont aujourd’hui vendus à 250 000F CFA», fait-il savoir.
Les prix des moutons au marché de Kilwin vont de 50 000F CFA à plus de 350 000F CFA, selon le responsable du marché Ousmane Kaboré.n
Une hausse sensible du prix du mouton, un marché moins affluant
Idrissa Kouanda élève des moutons et en achète également pour revendre. Avec une centaine de têtes dans son stock, il est au marché à bétail de Kilwin depuis environ une semaine. Téléphone accroché à l’oreille, il «échange avec un client qui se renseigne sur le prix d’un mouton». Bien qu’il se plaint de son marché, il confie avoir vendu deux jours plutôt, un mouton à 375 000F CFA, deux autres au prix unitaire de 250 000F CFA.
Daouda Kaboré n’a pas eu la même chance que Idrissa Kouanda. «Le marché n’est pas bon, mais le véritable problème c’est comment avoir du mouton pour revendre à Ouagadougou. On n’en trouve quasiment pas. Ceux qu’on gagne, sont aussi chers», raconte-t-il, liant cette situation au phénomène de l’insécurité dans le pays. Lui a fixé ses prix de 65 000 à 200 000F CFA.
En plus du manque de marché déploré et des difficultés liées à la situation sécuritaire, les commerçants ont aussi pointé du doigt le prix élevé des aliments des moutons. A les en croire, le sac de son est passé de 11 000 à 15 000 F CFA. «Si tu achètes le sac à ce prix pour nourrir un mouton que tu vas revendre, son prix devient également cher, sinon tu ne t’en sortiras pas», se justifie-t-il.
La fête de la Tabaski sera célébrée le 9 juillet 2022, sur l’ensemble du territoire burkinabè, selon un communiqué de la Fédération des Associations islamiques du Burkina (FAIB).
Par Siaka CISSE (Stagiaire)