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Tchad: entre législatives contestées et course contre la montre pour les soldats français

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Le retrait des soldats français se poursuit au Tchad (Ph. d'illustration)

A Ndjamena, l’Ange est passé ce samedi 11 janvier, avec des nouvelles pas du tout bonnes pour certains, et satisfaisantes pour d’autres. Ainsi pourrait-on résumer la proclamation provisoire des résultats des élections législatives du 29 décembre 2024, par l’Agence nationale de gestion des élections. Au moins 123 sièges, sur les 188 à pourvoir l’Assemblée nationale, sont tombés, selon l’Ange, dans l’escarcelle du Mouvement patriotique du salut, le MPS au pouvoir depuis 30 ans, qui, après avoir servi Deby père est, aujourd’hui, le soutien politique principal de Deby fils. Une majorité absolue tend donc les bras, si les chiffres provisoires sont confirmés, au maréchal Mahamat Idriss Deby. Le vainqueur de la présidentielle, dont l’élection avait déjà été contestée par son opposition, n’en demandait par mieux. Il pourra, ainsi, gouverner, sans souci de blocage de son programme par ceux qui font les lois. Le parlement lui étant acquis, le président tchadien qui marche actuellement sur l’eau, pourra gouverner en roues libres.

Sauf que l’opposition, notamment le Rassemblement national des démocrates tchadiens, le RNDT-Le Réveil, de l’ancien Premier ministre Albert Pahimi Padacké, qui ne compte pas se contenter de la dizaine de députés que lui attribue l’Ange, conteste ce verdict provisoire, et n’a pas de mots assez durs pour qualifier ces scrutins qui, pour lui, ne sont, ni plus ni moins, qu’une mascarade et une «régression démocratique». Les Transformateurs, eux avaient boycotté ces votes. Bien au fait du principe non écrit, mais toujours respecté, à de rares exceptions près, des élections qui ne sont jamais perdues par leurs organisateurs, ils ont préféré se mettre à l’écart. Le parti de Succès Masra, ancien opposant virulent, puis utilisé par le pouvoir comme Premier ministre docile, et renvoyé encore dans l’opposition, a-t-il eu raison par ce choix de la chaise vide? En tout cas, pour Succès Masra, les chiffres réalisés par le MPS et ses alliés ont déjà été «préfabriqués dans les ordinateurs». Ce qui a poussé l’ancien nouvel opposant, à refuser de prendre part à un «rituel électoraliste sans démocratie réelle», selon ses propres mots.

Tout roule pour le pouvoir des Deby qui gardent la main sur le Tchad. Même si, dans la soirée du mercredi 8 janvier, des tirs nourris à la présidence, et qui ont fait 18 morts au sein d’«assaillants» qui, toujours à en croire le maréchal tchadien, étaient venus pour le «vitrifier», alors que le porte-parole de son gouvernement les qualifiait de «pieds nickelés» armés de «coupe-coupe et de couteaux», sont venus déranger le calme présidentiel.

En attendant les résultats, pas ceux des élections, mais des enquêtes en cours sur des «assaillants» qui ont entrepris une «déstabilisation du pouvoir», à l’aide, seulement, de «coupe-coupe et de couteaux», face à des élément de la garde présidentielle lourdement armée et des blindés, le Tchad continue d’assister au retrait des troupes françaises. Le délai, visiblement incompressible, du 31 janvier ayant été, décidé par le gouvernement tchadien et qui paraît bien serré pour des observateurs, car il faut, à la France, rapatrier soldats et équipements. Une chose est certaine, l’armée française libère progressivement et inexorablement, au profit de ses désormais anciens hôtes, les camps militaires qu’elle occupait. Le dernier en date, celui d’Abéché, a été rétrocédé, le 11 janvier à l’armée tchadienne.

Par Wakat Séra