Accueil Editorial Tchad: pourquoi ce début de retrait rapide de l’armée française?

Tchad: pourquoi ce début de retrait rapide de l’armée française?

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Les forces françaises organisent leur départ du Tchad (Ph. d'illustration)

Ce que Tchad veut, la France le fait plus vite que prévu! Suite à la dénonciation, le 28 novembre dernier, par N’Djamena, des accords de coopération de défense et de sécurité qui liaient la France et le Tchad, l’armée française a initié, sans tarder, le retrait progressif de ses équipements, et, sans doute, bientôt, celui de ses hommes.

C’est ainsi que deux, des trois Mirages 2000 français, ont quitté le Tchad, pour la France. Ce fut à la grande surprise des autorités tchadiennes qui s’attendaient, apparemment à une tergiversation de leurs hôtes en treillis. Sauf que les Français ont, visiblement, appris de leurs erreurs au Niger qui avait également mis fin à la coopération avec la France. A Niamey, un bras de fer s’était alors engagé avec Paris, qui comptait partir dans les règles de l’art, selon les conventions établies. Ce qui avait provoqué des manifestations, avec en toile de fond, un sentiment anti-français qui continue de faire des vagues dans tous les autres segments des relations séculaires entre la France et le Niger.

Alors qu’il avait demandé un retrait total au bout d’environ six mois, puis dans les plus brefs délais, le gouvernement tchadien ne s’attendait, visiblement pas, à ce que Paris respecte, à la lettre, cette injonction. Les conditions de départ du reste de l’armée française, dont ses 1000 soldats, qui séjournent au Tchad, pour lui prêter main forte dans la lutte contre la rébellion et autres groupes armés, sont toujours sur la table des discussions entre les deux pays, et c’est, sans doute, ce qui étonne les Tchadiens, au vu de l’amorce rapide du retrait des troupes françaises. Certes, ces dernières ont volé, à plusieurs reprises, au secours du Tchad ou de ses dirigeants, mais la France, notamment ses soldats, est désormais, non grata, dans bien des pays du Sahel africain. Les «Macron Boys» sont, également, dans le viseur des nouvelles autorités sénégalaises qui verraient bien, d’un bon œil, elles aussi, la fin de la présence militaire française au Sénégal.

Depuis l’expérience du Mali, où l’opération Barkhane, a dû faire son paquetage, poussée dehors par les autorités de la transition, l’Elysée a mis sur la table, un nouveau paradigme des relations entre la France et son pré-carré colonial, changement comprenant le nouveau mode de coopération de défense et de sécurité qui devrait aboutir à moins de présence française. Mais, c’est, peut-être, le médecin après la mort. Car, les événements se sont accélérés, obligeant les soldats français, chassés du Mali, du Burkina et du Niger, à trouver gîte au Tchad, d’où, contre toute attente, ils doivent, depuis, la déclaration du 28 novembre, partir, «dans les plus brefs délais».

Question: pourquoi les dirigeants tchadiens sont-ils surpris par ce début de retrait de l’armée française, alors que l’ordre de partir vient d’eux? S’attendaient-ils à une résistance de la France qui déboucherait sur un affrontement et une humiliation, vu que la France n’a d’autre choix que de partir, et laisser le Tchad aux Tchadiens? En tout cas, ce n’est certainement pas pour revenir sur sa décision, que le gouvernement tchadien marque sa surprise, car la souveraineté, par le Tchad proclamée, ne s’en accommoderait guère, au moment où des manifestations hostiles à l’armée française ont déjà commencé. Et sous les yeux du prochain maréchal du Tchad, Mahamat Idriss Deby, le fils assis dans le fauteuil présidentiel, par une implication ostensible du président français, Emmanuel Macron, à la mort du père!

Par Wakat Séra