Les terroristes ont encore frappé et endeuillé un Burkina Faso dont ils ont fait une cible de choix depuis maintenant près de cinq ans. 15 tués. C’est le triste bilan des attaques du samedi 22 juin dernier, à Sagho et à Toékodogo, deux villages situés dans la commune de Barsalogho dans le nord du Pays des hommes intègres. Ces assauts meurtriers allongent le chapelet déjà très fastidieux à égrener des attaques djihadistes dont celles du mardi 18 juin qui s’étaient soldées par la mort de 17 personnes. Tout se passe comme si le combat contre les forces du mal prend des tournures plus compliquées, malgré la détermination et le professionnalisme des Forces de défense et de sécurité. Si les deux opérations, Otapuanu qui a concerné les régions de l’Est et du Centre-Est et Dofu en cours dans les parties Nord, Centre-Nord et Sahel, sont considérées par l’armée burkinabè comme des succès en la matière, il n’en demeure pas moins que la réplique contre les terroristes n’est pas encore celle qui pourrait porter le coup fatal à l’hydre. Même l’accompagnement militaire des forces françaises de Barkhane dans le Sahel ne porte pas les résultats escomptés. Et si le Burkina Faso, et les autres pays du Sahel, région de l’Afrique dont les terroristes ont fait leur sanctuaire, comptaient davantage sur leurs armées que celles d’ailleurs, qu’elles viennent de la France, des Etats-Unis, ou encore de l’Afrique du sud comme le souhaitent certains?
Un proverbe bien africain n’énonce-t-il pas que celui qui dort sur la natte du voisin dort à même le sol? En effet, le propriétaire de la natte peut la récupérer à tout moment, et souvent de façon inopinée. Il est donc temps pour le Burkina de renverser la tendance pour épargner aux populations, surtout celles rurales, l’exil forcé qui fait d’elles des réfugiées dans leur propre pays. Mais prendre son destin en main, signifie très clairement qu’il faut s’en donner les moyens. Dans cette logique, il urge, à défaut de procurer à l’armée bukinabè une puissance de feu supérieure à celle de ses adversaires, de la doter de moyens conséquents afin de la mettre au moins, sur le même pied d’égalité que ses derniers. Dans la même lancée, il faut rendre le renseignement plus pointu, car c’est un maillon essentiel, voire le véritable allié pour triompher dans cette guerre asymétrique qu’imposent les djihadistes aux forces de défense et de sécurité burkinabè. Et pour mettre toutes les chances de victoire du côté des forces du bien, il importe d’élaborer les meilleures stratégies qui permettront aux militaires burkinabè d’anticiper sur les frappes du camp ennemi, qui, pour l’instant, a toujours une longueur d’avance sur les soldats réguliers. Parallèlement à l’offensive militaire, l’Etat doit s’appuyer sur un schéma de développement inclusif, afin de ne laisser aucune région, même le hameau le plus reculé de la capitale en rade. Le Burkina ne se limite pas aux grandes villes comme Ouagadougou ou Bobo Dioulasso, surtout que les populations délaissées constituent desq proies faciles pour les recruteurs des cellules djihadistes.
En attendant que cette osmose indispensable entre la vision militaire et les actions de développement soit réalité et constitue un mur contre l’avancée des terroristes, ceux-ci continuent d’endeuiller un Burkina Faso qui se cherche encore sur les voies difficiles du développement.
Par Wakat Séra