Encore près de 30 soldats tués, selon un bilan provisoire, dans une attaque terroriste contre un camp militaire à Chinagoder, au Niger. Un pays qui n’a pas fini de pleurer ses 71 militaires tombés le 10 décembre 2019 sous les balles assassines des mêmes djihadistes. Tout se passe comme si le Niger, malgré la bravoure de ses hommes, est encore contraint pour longtemps de vivre les affres de terroristes dont les desseins obscurs sont loin des subterfuges religieux dont ils se prévalent pour endeuiller presqu’au quotidien les familles et des nations entières. Parce que comme le Niger, les autres pays sahéliens sont logés à la même enseigne. Le Mali, le Burkina Faso, le Tchad, et dans une moindre mesure la Mauritanie sont frappés sans ménagement et contiennent difficilement l’appétit vorace de terroristes qui profitent de la porosité des frontières, mais aussi de la mauvaise gouvernance et des lacunes en stratégie des armées nationales pour la plupart en pleine reconstruction. Pire, le G5 Sahel, force conjointe créée par les cinq pays dans l’œil de l’hydre terroriste se hâte trop lentement pour constituer un danger pour des terroristes qui semblent toujours avoir une longueur d’avance sur les Forces de défense et de sécurité qui sont abonnées à la réaction au lieu d’être dans l’action. Et les services de renseignement qui doivent permettre aux FDS de prendre l’initiative ne répondent pas encore aux attentes de troupes dont la puissance de feu est comme inférieure à l’ennemie.
Mais, les forces du mal qui se sont sanctuarisées dans le Sahel africain, subissent également des revers, et par des moindres de la part des armées nationales qui sont conscientes que la guerre asymétrique qui leur est imposée ne sera pas gagnée juste après quelques rafales. A Chinagoder, 63 terroristes, toujours selon le bilan provisoire, sont restés sur le carreau. La lutte sera de longue haleine et ce n’est pas la situation de chaos qui persiste en Libye qui arrangera les choses pour les pays du Sahel. Devenue une poudrière à ciel ouvert et presqu’un territoire de non droit depuis son bombardement par la France de Nicolas Sarkozy, suivi de la tuerie sauvage de Moammar Khadafi, la Libye et le reste de la région sahélo-saharienne continuent de faire les frais de cette bêtise humaine à forte puanteur de défense d’intérêts occidentaux. Du reste, les épisodes du scénario macabre libyen continuent de s’écrire, avec pour nouveaux metteurs en scène Fayez el-Sarraj, le patron du gouvernement d’union nationale reconnu par la communauté internationale et le maréchal Haftar en pleine progression guerrière vers la prise de Tripoli après avoir accrocher Syrte à son tableau de chasse. S’il faut rester optimiste, contre tenu des victoires engrangées par les armées nationales avec le soutien de partenaires militaires occidentaux dont la Force française Barkhane et de plus en plus l’appui des Asiatiques comme la Chine et le Japon, il faut tout même déplorer cette absence de prise d’initiative qui profite aux seuls terroristes.
A quand donc la fin? Question qui demeure pour l’instant sans réponse. Comme les experts et autres acteurs de cette lutte anti-terroriste, la seule certitude est que «la guerre sera de longue haleine».
Par Wakat Séra