Barkhane «roquettée» au Mali, des milliers de civils tués au Nigeria, et le Niger qui renforce son armée. Ainsi pourrait se résumer les dernières actualités de la lutte contre le terrorisme en Afrique de l’ouest. Un combat qui ne faiblit pas, mais dans lequel les forces du mal font plus que résister. En tout cas, alors que les frappes de la Force Bakhane se multiplient et portent un coup certain aux djihadistes qui pullulent dans le Sahel africain, malgré la présence de la Force conjointe du G5 Sahel, certes encore timide, mais bien déterminée et les opérations régulières des armées locales, l’hydre terroriste continue d’endeuiller les populations et les Forces de défenses et de sécurité. Si ce sont au moins 70 000 civils qui ont été tués, dans le nord-est du Nigeria, suite à une violente attaque, ce 28 novembre, au Mali, c’est la force française Barkhane qui a été prise pour cible, ce lundi matin, presque simultanément à Kidal, Gao et Ménaka, dans un concerto d’obus et de roquettes.
Certes, aucune perte en vie humaine, ni des dégâts matériels importants, n’auraient été déplorés dans ces camps que Barkhane partagent avec les soldats onusiens de la Minusma, mais c’est la coordination des attaques qui intrigue et inquiète dans les rangs de la force française qui a infligé de lourdes pertes aux djihadistes ces derniers mois. Les «Macron boys», ont notamment neutralisé, le 3 juin dernier, dans une opération militaire, le chef d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), Abdelmalek Droukdel, avant de mettre hors d’état de nuire, ce 10 novembre, au Mali, dans la région de Ménaka, zone des trois frontières (Mali-Burkina-Niger), le chef militaire du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), Ba Ag Moussa.
La campagne de salubrité menée par Barkhane n’a pas manqué de contrecarrer les plans des djihadistes qui se sont érigés en seigneurs du Sahel, frappant au quotidien, militaires et civils. Les terroristes, par ces tirs qui ressemblent, à s’y méprendre, à des coups de semonce, ne s’y prendraient pas autrement pour prévenir Barkhane qu’ils sont encore bien en place, malgré la double décapitation au sommet qu’ils ont subie. A moins que cela ne soit qu’une simple intimidation de djihadistes acculés ou une ruse pour détourner l’attention sur une attaque ailleurs. Ce qui est certain, ce sont des menaces qui sont loin d’être anodines et doivent donc être prises avec le plus grand sérieux par les troupes françaises, et même la Minusma, si tant est qu’elles veulent s’éviter toute surprise désagréable.
Au Nigeria, où les assauts meurtriers n’ont pas encore été revendiqués mais, selon le modus operandi, pourraient bien porter la lugubre signature de la sinistre nébuleuse Boko Haram, tout semble prouver que la secte islamiste est toujours redoutable et que, surtout, les populations rurales sont pratiquement sans défense. Alors qu’il a fait la promesse ferme, dès son premier mandat (2015), de venir à bout de Abubakar Shekau et de ses hommes, Muhammadu Buhari, brille par son impuissance, face à …puissance de feu de ces hommes, en réalité sans foi, qui sèment la désolation dans un Nigeria dont ils enjambent souvent les frontières dans des raids sanglants contre les pays voisins du Cameroun, du Tchad et même du Niger.
En tout cas, pour renforcer la défense de son territoire, et par ricochet, intensifier la lutte contre le terrorisme, le Niger compte doubler, d’ici cinq ans, les effectifs de son armée. L’option des autorités de ce pays qui demeure dans l’œil du cyclone djihadiste, a été épousée par l’Assemblée nationale qui vient d’adopter le projet de loi sur le statut de l’armée qui, entre autres dispositions, repousse l’âge de la retraite à 52 ans, au lieu de 47 ans, et devrait contribuer à améliorer les conditions de vie des hommes en kaki. C’est bien ce qu’on appelle fourbir ses armes! Mais, comme le Niger, les pays frappés par les attaques terroristes doivent, en plus du canon, favoriser le développement inclusif, profitable à l’ensemble des populations, dont malheureusement, certaines franges se sentant ostracisées, se jettent dans les bras du loup déguisée en grand-mère du petit chaperon rouge.
Par Wakat Séra