Pourquoi l’ont-ils tué? Parce qu’il était prêtre? Parce qu’il était expatrié de peau blanche? Ou l’ont-ils simplement tué parce que la bêtise humaine est passée par là? En tout cas, le père salésien, Antonio Cesar Fernandez fait partie des cinq victimes dont quatre douaniers, qui ont été la cible, le vendredi 15 février dernier. Ils ont été tués par des terroristes qui ont jeté leur macabre dévolu sur le Burkina Faso depuis près de quatre ans maintenant. Les attaques ont été particulièrement récurrentes ces derniers temps, allongeant sans cesse le chapelet des morts qu’il serait, aujourd’hui, fastidieux d’égrener. Et comme dernièrement le Canadien Kirk Woodman enlevé et tué en janvier dernier, « Père Cesar » comme l’appelaient affectueusement les fidèles catholiques burkinabè n’est plus de ce monde, du fait de l’odieuse nébuleuse terroriste. Les Burkinabè regrettent déjà cet accent particulier du religieux qui charmaient les oreilles de certains et contraignaient en même temps d’autres à faire des efforts supplémentaires pour bien saisir la parole de Dieu, les jours de célébration de l’Espagnol. «Il devait même célébrer la messe de ce matin (samedi 16 février, NDLR)», se lamentait une fidèle inconsolable, à qui le prêtre a envoyé un message audio WhatsApp, le jeudi, l’informant qu’il prenait la route très tôt le vendredi, le lendemain de leur «chapitre provincial». Effectivement, l’homme de Dieu a tenu parole, en prenant la route vers la capitale burkinabè, mais son destin croisera l’horreur semée par des assassins qui disent tuer au nom de Dieu.
Tuer au nom de Dieu! Triste alibi dans lequel les djihadistes emballent des actes de banditisme et autres trafics de toutes sortes juste pour enrichir, l’hydre terroriste qui endeuille au quotidien le Burkina Faso. Malgré les ripostes de son armée, dont les soldats font montre d’un courage et d’une bravoure à toute épreuve, le Burkina n’arrive plus à faire face aux assauts répétés des terroristes qui désormais ne s’en prennent plus qu’aux Forces de défense et de sécurité, mais frappent à tout vent, n’épargnant plus la population civile. En attendant que les changements à la tête des départements ministériels de la Défense et de la Sécurité, et au sommet de l’Etat-major général des armées et de ses différents corps fassent leurs effets, les attaques terroristes se comptent désormais au quotidien. Et leurs conséquences sur la vie des populations, notamment le secteur économique sont catastrophiques et désolants. Et c’est dans ce contexte sécuritaire inquiétant que Flintlock, exercice militaire international initié par les Etats Unis et regroupant 16 pays dont ceux sahéliens comme le Burkina Faso, a été lancé ce lundi 18 juin à Ouagadougou. Et une fois de plus; la menace commune de l’insécurité et du terrorisme ont été mis en exergue afin d’y trouver une réponse d’ensemble. Mais une fois de plus, comme jouant à souhait la politique de l’autruche, les acteurs privilégient l’aspect stratégique en omettant le fait que la plupart des armées prenant part à l’exercice Flintlock sont démunies et pratiquement nues face à des terroristes dont la puissance de feu n’est plus à prouver. Pendant ce temps, la Force du G5 Sahel, toujours évoquée mais aussi toujours sans moyen de survie, se fait désirer. Sans être dans une version burkinabè du film «Apocalypse now», on peut affirmer, à la suite des plus grands opérateurs économiques ou du petit tenancier de kiosque du quartier que «ça ne va pas». Les investisseurs étrangers pour la plupart ont biffé la destination Burkina de leur agenda et ceux qui sont encore sur place sont en pleine réflexion, cherchant à résoudre l’équation du rester ou partir. A ce rythme, les populations ne pourront plus compter que sur les prières «pour la paix au Burkina» psalmodiées dans les églises et mosquées tous les vendredis et dimanches. Il urge de remettre notre armée, soutenue par sa population, en rangs de bataille serrés. Car les initiatives autres qui consistent à sous-traiter la sécurité et la défense nationale avec d’autres officines sont dangereuses de conséquence.
Le Burkina Faso doit redonner toutes les priorités et les moyens matériels à nos vaillantes Forces de défense et de sécurité, surtout à leurs services de renseignements, pour équilibrer les forces sur le terrain. Ne dit-on pas que mieux vaut prévenir que guérir, et la sagesse stratégique n’enseigne-t-elle pas que la meilleure défense c’est l’attaque? L’armée burkinabè, au risque de sortir le drapeau blanc dans cette guerre asymétrique qui l’oppose aux forces du mal, doit anticiper.
Par Wakat Séra