Jamais président togolais n’a été aussi défié. Les manifestations de l’opposition qui se sont succédé ces dernières semaines dans la capitale Lomé et dans une dizaine de villes de la capitale semble avoir mis le pouvoir de Faure Gnassingbé dos au mur.
Accusée d’avoir mis la Constitution de son pays sous coupe réglée pour s’assurer un règne sans fin, après celui de son père, le président togolais n’a désormais d’autre choix que d’écouter la rue. Une rue déterminée plus que jamais à obtenir des réformes capables de rendre enfin possible l’alternance dans de tout petit pays au destin confisqué par une seule famille qui impose sa loi depuis 1967.
Cette fois-ci le pouvoir très policier de Lomé a évité de verser dans le bain de sang auquel il a habitué l’opinion internationale depuis plus de 50 ans maintenant. Mais il n’a pas renoncé aux intimidations et aux arrestations d’opposants. Une situation dénoncée par l’ONG Amnesty international qui pointe du doigt des descentes musclées de militaires dans les quartiers d’opposants.
Au regard des enjeux et des dérives répressives qui peuvent survenir de la part d’un pouvoir trop habitué à mater son opposition, l’ONU, qui vient comme en sauveur du régime de Faure Gnassingbé, appelle les autorités togolaises à inscrire les réformes constitutionnelles exigées par l’opposition dans l’agenda du Parlement. Dos au mur, le pouvoir n’a eu d’autre alternative que de proposer, pour ce mardi 11 septembre, l’examen par l’Assemblée nationale, d’un projet de loi portant sur la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels et parlementaires et le passage à un scrutin présidentiel à deux tours contre celui à un tour qui est d’actualité. Une porte de sortie pacifique à la résolution du bras de fer en cours. Faure Gnassingbé va donc enfoncer cette porte ouverte, avec la promesse que les réformes aboutiront.
S’il arrive à rétablir par ce geste la confiance entre lui et ses opposants désabusés et qui lui reprochent ses promesses jamais tenues, Faure devrait s’aménager une sortie honorable dans une Afrique de l’Ouest où le Togo reste curieusement le seul pays où l’alternance au sommet de l’Etat n’a pas encore droit de cité. Pourtant, des opposants ont tout essayé, avant d’être toujours, essoufflés, récupérés par le pouvoir, comme l’ont été Gilchrist Olympio et son historique Union des forces de changement (UFC).
Pour l’heure, on peut dire que c’est un Faure affaibli qui plie et va probablement pencher pour les réformes, mais la rue reste suffisamment méfiante pour ne pas rompre les rangs de sitôt.
Par Wakat Séra