Et si chaque partie mettait de l’eau dans son vin pour sauver le pays d’un chaos en vue? Entre procès d’intention et mauvaise foi, les politiciens togolais entraînent le Togo vers l’abîme. Malgré l’adoption par l’Assemblée nationale de la proposition de loi du gouvernement qui limite désormais à deux, le nombre de mandats présidentiels et instaure un scrutin à deux tours en lieu et place du suicidaire un tour, le mercure ne descend pas à Lomé. Pire, la météo socio-politique annonce des orages pour les mercredi 20 et jeudi 21 septembre prochains, avec à la manette, le Combat pour l’alternance politique (CAP) 2015, le Groupe de six, le Comité d’action pour le renouveau (CAR), le Parti national panafricain (PNP) et la Santé du peuple. «Ça suffit, rendez-nous notre constitution», c’est le mot d’ordre de ces différents partis et coalitions de partis qui, visiblement ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin de la lutte pour une véritable alternance. Ce changement qu’appelle de tous ses vœux le peuple togolais qui voudrait également, comme dans les pays qui l’entourent, goûter aux effluves si enivrantes de cette douce mais épineuse fleur qui n’éclot qu’en terre fertile de la démocratie. Le retour à la constitution du 14 octobre 1992, la révision du cadre électoral et l’instauration du droit de vote des Togolais de l’étranger. Trois conditions brandies par les opposants togolais qui caressent également, c’est un secret de polichinelle, le vœu de mettre fin au règne de la famille Gnassingbé sur le Togo.
L’opposition assouvira-t-elle son dessein, somme toute légitime d’alternance, mais aux allures désormais trop jusqu’au boutistes, alors que ses revendications sont prises en compte par le pouvoir? Faure Gnassingbé et ses séides n’ont de cesse de mettre en avant leur bonne foi, affirmant que cette fois-ci, les réformes iront à leurs termes. Mieux, des visiteurs du soir du plus jeune chef d’Etat en âge, mais plus ancien au pouvoir de la sous-région, révèlent que son régime ne s’est jamais opposé à la limitation des mandats présidentiels lors des différents dialogues politiques. De même, le vote des Togolais de la diaspora, serait une priorité pour la majorité présidentielle qui argue cependant qu’il doit prendre corps dans des conditions idéales. C’est bon, mais c’est pas arrivé! C’est la formule triviale qu’oppose le camp d’en face au pouvoir qui a, du reste, trop brillé dans les dribbles dont le secret semble avoir a été légué de père en fils. En effet, Faure marqué du sceau indélébile du péché originel n’arrive plus visiblement à convaincre ceux d’en face. Depuis Eyadéma Gnassingbé, mort sans avoir réalisé des avancées significatives pour l’avènement de la démocratie, notamment de l’alternance, l’opposition a retenu la leçon de ne plus se fier à la parole donnée de ses adversaires politiques. Raison pour laquelle Jean Pierre Fabre, Kafui Adjamagbo-Johnson, et autres Tipki Atchadam, échaudés par les revirements constants des Gnassingbé, tiennent mordicus au retour de la loi fondamentale togolaise de 1992 qui consacre la limitation du mandat présidentiel à deux, mais encadre cette règle par la formule péremptoire: «En aucun cas, nul ne pourra exercer plus de deux mandats». Phrase qu’exigent les tenants du retour à la constitution originelle de 1992.
Faut-il, pour ce seul principe, fut-il déterminant, installer la chienlit et pousser le pays vers le chaos? La réponse ne souffre d’aucune ambiguïté, le parti au pouvoir doit inscrire en lettre d’or ce concept dans la constitution et surtout tenir à son respect, tout comme, à l’instar de toute loi, celle-ci doit compter pour l’avenir. La non rétroactivité étant consacrée depuis la nuit des temps par toutes les tables de lois, il serait donc anti-démocratique et contraire à la démocratie, d’appliquer hic et nunc, cette disposition à Faure Gnassingbé dont le mandat constitutionnel prend fin en 2020. C’est la meilleure issue pour que le Togo ne soit livré inutilement à la prédation de ses politiciens et des intérêts étrangers qui aiment bien profiter de ces guéguerres pour piller les pays en crise, en signant au passage des contrats très juteux pour eux et suicidaires pour les populations prises dans le piège euphorisant de l’appel à la démocratie.
Par Wakat Séra