Les Togolais ont répondu à l’appel des urnes ce week-end pour des élections locales. Tous électeurs confondus, ils ont voté pour pourvoir les 1527 sièges des 117 communes dirigées depuis lors par des délégations spéciales installées par le pouvoir en place. Toujours annoncées mais jamais tenues, les municipales étaient très attendues par l’ensemble de la classe politique. Surtout par les opposants qui, après leur boycott des dernières législatives de décembre 2018 et l’implosion de la C14, étaient face à leur destin. Survivre par les municipales ou disparaître de la scène politique. C’était l’équation à résoudre par les opposants dont la plupart ont perdu de leur superbe suite au choix désastreux et suicidaire de laisser l’assemblée nationale entre les mains de l’Union pour la république (Unir) le parti au pouvoir. Mieux, mettre dans son escarcelle le maximum de conseillers municipaux, est le tremplin pour s’assurer le contrôle du futur sénat, car ceux-ci devront en élire les 2/3. Dans cette logique, la course pour les fauteuils municipaux constituait un enjeu crucial. C’est dire combien la tâche de la commission électorale pour l’organisation et, plus tard, pour la proclamation des résultats est ardue. Cette mission sera davantage corsée par les plaintes, recours et autres réclamations inhérentes à toute élection.
Plus de trente ans après leur tenue, les municipales ont donc été remises au goût du jour. Mieux, elles se sont déroulées sans obstacle majeur dans un pays où élection a presque toujours rimé avec violences et toutes sortes d’intimidation. Si opposition et pouvoir se sont toujours regardés en chiens de faïence, au détriment d’un peuple togolais, le vrai peuple, qui a toujours marqué sa préférence pour les actions de développement qui vont sortir les citoyens du chômage et de la pauvreté, ceci est dû à un déficit de confiance né du non-respect d’accords politiques qui se sont succédé au gré des crises. Le pouvoir en place, sans forcément porter tout le tort de cette chienlit, n’en n’est pas moins responsable, lui qui a souvent empêché l’opposition de s’exprimer en toute liberté. Les manifestations souvent réprimées et les arrestations d’opposants qui parsèment l’histoire de ce pays, sont assez révélatrices de cette chape de plomb qui a souvent pesé sur le Togo. A la décharge des gouvernants, même en faisant preuve d’ouverture, ils ont toujours eu en face d’eux des opposants irréductibles dont les desseins personnels sont souvent loin de l’intérêt général. Le seul objectif de ces opposants embarqués dans la logique du «ôte-toi que je m’y mette», a fini par dévoyer les luttes politiques, les transformant en simples combats pour politiciens en quête de mieux-être égoïste.
Après les réformes politiques dont certains ne sont pas totalement satisfaits, la mise en route du Programme national de développement (PND) et la tenue des législatives et des municipales, les Togolais entrent certainement dans une nouvelle ère. En attendant de savoir si l’opposition tiendra sa revanche avec les dernières municipales, on peut affirmer que la démocratie, même si elle ne tient pas encore tenu toute la place qui est sienne, se conjugue aux succès économiques et diplomatiques à l’internationale pour le mieux-être des Togolais. Comme on le dit trivialement, pourvu que cela dure, dans l’intérêt de tous.
Par Wakat Séra