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Togo: plus rien ne va!

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La mort du dialogue politique redonnera sans doute le pouvoir à la rue (Ph. voaafrique.com)

A quand le retour de la paix au Togo? Question à un franc, dans une ambiance délétère où l’espoir suscité par le dialogue politique sous l’égide du Ghanéen Nana Akufo-Addo s’étiole, les deux parties en conflit campant sur des positions pour l’instant inconciliables. Chacun tire sur une corde tressée autour de la loi fondamentale du pays, notamment en sa partie qui régit les élections.  Pour l’opposition emmenée par une coalition de 14 partis, il est inconcevable que Faure Gnassingbé puisse encore se positionner dans les starting-blocks électoraux pour 2020. Du reste, les opposants pour mettre fin à ce débat, qui au Togo vicie les concertations et la vie politique en générale, exigent le retour à la constitution de 1992 dont les termes interdisent, entre autres, plus de deux mandats comme président de la république. En face, le pouvoir propose plutôt des réformes qui imposent également deux mandats sans possibilité d’en exercer un troisième. Décision qui en son temps aurait provoqué un standing-ovation, dans un Togo où la limitation de mandat avait disparu et où l’élection était à un tour, donc remporté systématiquement un coup KO par les Gnassingbé d’abord par le père Eyadema et ensuite par le fils Faure qui a pris le témoin en février 2005, depuis la mort de son géniteur. Sauf que cette proposition du pouvoir, remettrait le compteur à zéro pour l’actuel chef de l’Etat, et perpétuerait alors le règne déjà cinquantenaire des Gnassingbé, de deux quinquennats, et plus si affinité!

La véritable pomme de discorde s’appelle donc le mandat présidentiel vu de deux manières, le prisme de l’opposition ne pouvant s’accommoder de l’inoxydable principe de non rétroactivité de la loi. Certes, l’arbre à palabres qui avait réussi à réunir sous son ombre squelettique, pouvoir et opposition togolais depuis le 19 février dernier, ne pouvait éteindre le feu en un coup de baguette magique. Mais avec ce rabibochage d’adversaires qui, il y a encore quelques mois ne désiraient se voir même en rêve, le facilitateur ghanéen avait commencé à faire rêver le peuple togolais lassé des marches, contremarches,  violences, représailles, arrestations, le tout couronné par des pertes en vies humaines. Et patatras! Le monde s’effondre, comme l’aurait écrit le célèbre écrivain nigérian, Chinua Achebe. Pourtant, chaque camp peut considérer être dans la vérité, en matière de la légalité. Tout Togolais étant en droit d’être candidat à la présidentielle, tant qu’il répond aux normes de la constitution en vigueur, Faure Gnassingbé doit pouvoir être éligible. Mais, le retour à la loi fondamentale togolaise de 1992 écarterait sans autre forme de procès le chef de l’Etat togolais qui, en plus est frappé du péché originel d’être un Gnassingbé, donc de la famille qui règne sans partage sur le Togo depuis plus de cinquante années. Comme le dirait le slogan d’une certaine société civile burkinabè, pour ne pas la nommer, «Trop c’est trop»!

Et le peuple togolais dans cette bataille sans fin? Il est balloté entre deux camps de politiciens pour qui seul le pouvoir justifie les moyens et la lutte. Au lieu d’être manipulés dans des manifs et contre-manifs pour lesquelles la rue est prise en otage, les Togolais, s’ils avaient réellement le choix, s’aligneraient plutôt  pour une lutte pour le développement de leur pays qui va à la dérive, marqué par un tissu socio-économique effiloché, pour ne pas dire en lambeaux. Vivement un modus vivendi entre pouvoir et opposition pour ramener la paix au Togo qui, pour le moment, donne des nuits blanches à Nana Akoufo-Addo!

Par Wakat Séra