Il y a un temps pour tout. Un temps pour protester et un temps pour penser au développement du pays. C’est ce temps qui semble être arrivé au Togo où le pouvoir et une coalition de partis de l’opposition reconnaissent des avancées notables dans le processus de sortie de la crise qui les oppose. C’est sous la coupe du comité de suivi de la Commission économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) que les deux parties se sont accordés sur des points qui jusque-là les divisaient. C’est ainsi que le processus électoral mis en branle par la Commission électorale nationale indépendante (Céni), avec en ligne de mire les élections législatives prévues pour le 20 décembre prochain, devrait poursuivre son cours.
Les huit sièges de l’opposition devraient désormais être occupés par qui de droit. A en croire les ténors de l’opposition et le gouvernement togolais, ce sont les efforts des uns et des autres qui ont contribué au progrès observé dans la levée de ces obstacles. Avant le 20 décembre, les réformes constitutionnelles et institutionnelles devraient même être réalité, par voie parlementaire. L’agenda électoral proposé par le Céni, sans nous accrocher au fétichisme des dates, trouve donc des chances inespérées de se concrétiser grâce à la volonté apparente des adversaires politiques de remettre les pendules à l’heure. Toute chose qui devrait servir de pilier à un retour de stabilité socio-politique qui a fui le Togo depuis plus d’une décennie.
Il faut rappeler que ce chronogramme de la Céni qui prépare activement les prochaines échéances électorales au Togo, collait à la feuille de route proposée par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) lors du sommet des Chefs de l’Etat de la sous-région, le 31 juillet 2018. En effet, dans la capitale togolaise, la Conférence des chefs de l’Etat, qui a apprécié à leur juste valeur, les efforts de facilitation des présidents guinéen Alpha Condé, et ghanéen Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, avait réfléchi sur des pistes de solution pour résorber la crise entre le pouvoir et une partie de son opposition.
C’est dans cette dynamique de remise à flots du Togo, en conformité avec le calendrier préconisé par la CEDEAO, et avec la volonté de redonner toutes ses chances au pays de renouer avec la pratique démocratique dans un délai raisonnable, que la Céni a élaboré ce calendrier qui devrait servir de base à ces élections appelées de tous leurs vœux par de nombreux Togolais. Dans ce planning, la commission en charge des élections, compte mener d’abord, des opérations de recensement qui accoucheront d’une liste électorale provisoire.
Après le traitement des contentieux probables pour, le cas échéant, expurger le document des doublons qu’il pourrait comporter, les listes électorales définitives et suivra le lancement de la campagne électorale. Si toute élection crédible dépend de la fiabilité du fichier électorale, il faut reconnaître que l’option de la Ceni est louable.
Et c’est à ce niveau, de la confection des listes que l’opposition doit faire preuve d’une vigilance accrue afin d’éviter le piège des fichiers électoraux viciés qui faussent les résultats des élections. Car toutes les dénonciations après-coup de «fraude massive» et de «bourrages d’urnes», aboutissent rarement. Le cas du Mali, où les opposants continuent de battre le pavé, pendant que la caravane du pouvoir passe, est patent. Il est donc plus judicieux pour l’opposition de mener le bon combat, elle dont le cheval de bataille est d’avoir des élections inclusives auxquelles doivent prendre part tous les Togolais, électeurs et éligibles.
Car, préserver la paix et donner le droit et tout le droit aux urnes de désigner président, députés et élus locaux, c’est faire preuve de patriotisme et surtout faire jouer sa fibre démocrate. La démocratie se définissant par la forme de gouvernement dans laquelle la souveraineté appartient au peuple, c’est au seul peuple de désigner ses gouvernants. A en croire les signaux positifs qui suintent des huis-clos entre pouvoir et opposition togolais, l’espoir est permis de croire en une vie meilleure pour les populations demain. Pourvu que ça dure!!!
Par Wakat Séra