C’est à 00h42, ce lundi 24 février que Faure Gnassingbé, a été déclaré vainqueur de l’élection présidentielle togolaise du 22 février 2020, avec 72,36% des suffrages exprimés, selon les résultats provisoires proclamés par la Commission électorale nationale indépendante (Céni). Il est suivi de Agbéyomé Kodjo avec 18,37% et de Jean-Pierre Fabre, la déception de ce scrutin, avec 4,35 %. Après une panne technique de son au niveau des équipements de la télévision nationale, sans doute à cause des aléas du direct, c’est d’une voix solennelle qui répond à la circonstance et en présence des représentants de candidats et de la presse, que le président de la structure en charge de l’organisation du vote et son équipe se sont livrés à l’exercice de proclamation. Cette élection, créditée d’un taux de participation de 76,63%, s’est déroulée dans le calme. Le constat fait l’unanimité, tant au sein des populations que des plus de 3 000 observateurs nationaux et internationaux. Et le vœu de tous les Togolais qui ont décidé de tourner la page des après scrutins de violences est en passe de se réaliser. Pour cela, les résultats provisoires rendus publics par la Céni et ceux qui seront confirmés, ou non, par la cour constitutionnelle doivent être acceptés par le peuple qui a accompli son devoir citoyen dans la sérénité et le but de consolider la démocratie aux fondements encore fragiles sous les tropiques. Car, ce sont ces institutions, et seulement elles, qui sont habileté à donner des chiffres qui, il faut le dire une fois de plus, doivent respecter le choix des électeurs. Le Togo vient de loin et, qu’on soit du pouvoir ou de l’opposition, chacun doit accompagner toute initiative qui remet le pays sur les rails de la démocratie.
Mais comme à l’accoutumée, les candidats, parfois de bonne foi, mais ne se basant que sur les décomptes effectués lors des dépouillements dans quelques bureaux de vote, se livrent à leur sport favori de se déclarer vainqueurs. D’autres dénoncent des bourrages d’urnes, des achats de voix et toutes sortes de «fraudes massives». Le phénomène est connu et même accepté, comme étant de bonne guerre. Cependant, quand, animés de desseins inavoués, des candidats se proclament vainqueurs et s’auto-investissent dans la foulée président, mettant en péril la paix et la stabilité de tout un pays, ils constituent de véritables dangers pour leurs concitoyens. Surtout que dans des pays comme le Togo, où la situation postélectorale est très volatile et électrisée, il suffit d’un rien pour mettre le feu aux poudres. Sans chercher à distribuer indûment des bons et des mauvais points, il faut reconnaître que cette élection est une première dans l’histoire politique du Togo. Grâce d’abord à la pression des opposants et de la société civile sur le pouvoir en place pour obtenir les réformes constitutionnelles actuelles. Il serait donc inadmissible que par la faute d’une seule personne, l’édifice, encore en pleine construction s’écroule. Ce serait d’autant plus inacceptable dans les pays qui peuvent encore être tenus loin de ces pagailles dont profitent toujours les terroristes et autres bandits du même acabit pour s’infiltrer, voir s’installer si le terrain est favorable.
Malgré les insuffisances observées, parce que toute première a ses limites, les Togolais de la diaspora, ont joui pour la première fois de leur droit de vote. C’est encore la première fois que le scrutin qui était uninominal, donc cadenassé à un tour, passe à deux tours. Et enfin, ce n’est pas la moindre des victoires d’étape du peuple togolais, les mandats présidentiels sont désormais limités à deux. S’il ne faut pas se satisfaire de ces avancées, il n’en demeure pas moins qu’elles ouvrent un peu plus le jeu politique dans un Togo qui a été longtemps fermé aux réformes qui portent la démocratie. Car il est temps que Faure Gnassingbé se serve de cette victoire qui lui ouvre la voie d’un nouveau quinquennat, pour offrir à tous les Togolais, un quotidien de mieux-être par l’amélioration des soins de santé, des services de l’éducation et d’accès à l’eau potable et à l’assainissement, et surtout mettre en place, au moment indiqué par la Constitution, les conditions favorables à l’alternance, l’un des piliers fondamentaux de la démocratie.
Par Wakat Séra