Accueil Editorial Togo: quelle couleur prendra le nouveau mandat de Faure?

Togo: quelle couleur prendra le nouveau mandat de Faure?

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Faure Gnassingbé est réélu à la tête du Togo pour un mandat de cinq ans. Ainsi en a décidé la cour constitutionnelle togolaise qui confirme ainsi les résultats de la Commission nationale électorale indépendante (Céni), en revoyant tout de même à la baisse le score du candidat de l’Union pour la république (Unir). De 72,36%, le chef de l’Etat togolais qui entamera son nouveau quinquennat, en principe au mois de mai prochain, est passé à 70,78% mais toujours loin devant les six autres candidats de l’opposition. Cette proclamation définitive de la Cour constitutionnelle qui était également chargée du règlement des contentieux électoraux, met ainsi fin à un processus électoral dont tous les observateurs ont salué la bonne tenue. Cette élection qui marque une nouvelle ère de démocratie pour les Togolais rentrera dans l’histoire politique d’un pays qui a traversé une longue crise socio-politique. Aujourd’hui, le mandat présidentiel est limité à deux alors que le compteur était ouvert, avant les réformes constitutionnelles initiées par le pouvoir sous la pression de l’opposition et de la société civile. De même l’élection à la magistrature suprême est passé du mode uninominal à un scrutin à deux tours. Au même titre des avantages, et certainement pas le moindre, les Togolais de la diaspora qui ont été pendant longtemps tenu éloignés des urnes malgré leur contribution reconnue à la vitalité économique de leur pays, participent maintenant au vote de leur président.

Si Faure Gnassingbé, en disant à tous les Togolais, son «admiration pour la maturité politique et démocratique dont ils ont massivement fait montre», il les a également appelé au travail. Le travail, le Togo en a effectivement besoin, mais il est surtout important pour ce pays que les fruits de la croissance profitent à tous. Ce que ne cesse de revendiquer une opposition, certes éclatée, mais qui se rejoint autour de la lutte contre la corruption, la monarchisation du pouvoir et d’autres maux bien connus sous les tropiques et qui ne font pas bon ménage avec la démocratie. Faure Gnassingbé dont les visiteurs du soir affirment qu’il souhaite, justement pour les causes de la consolidation de la démocratie togolaise, avoir une opposition mieux structurée et plus à même de porter les véritables aspirations du peuple est conscient que pour avoir un mandat réussi, il est contraint à prioriser le mieux-être de son peuple, notamment d’une jeunesse dont la grande hantise est le chômage. Et c’est une certitude, l’opposition, dont certains leaders et militants continuent de réclamer la victoire à la présidentielle du 22 février dernier, ne laissera pas le président togolais dormir sur ses lauriers qu’il a défendus durant une campagne électorale tout autant apaisée que le vote lui-même. Certes, le Togo est loin de pouvoir se targuer d’être une démocratie aboutie, mais il vient de montrer, pour l’instant en tout cas, que le pays peut connaître une élection sans ces violences auxquelles il avait habituées l’opinion internationale, violences qui ne font que faire couler le sang de populations innocentes.

Tout est accompli, pourrait-on dire, avec l’espoir que dans un élan individuel et collectif pour la cohésion nationale et la paix, les Togolais, du pouvoir comme de l’opposition et de la société civile, prennent en main leur destinée pour un développement inclusif. Nul ne viendra d’ailleurs pour leur apporter sur un plateau d’or le bien-être social. «On ne développe pas, on se développe», disait le regretté homme politique burkinabè et historien africain, Pr Joseph Ki-Zerbo.

Par Wakat Séra