Qui occupera le fauteuil honorifique de président de la république? Qui sera le président du Conseil des ministres, avec, dans ses mains, la réalité du pouvoir? Réponses attendues du premier parlement de la 5e république, dont les membres de l’Assemblée nationale viennent d’être installés, en attendant la mise en place du Sénat. Aux termes de la nouvelle constitution promulguée le 6 mai par le président togolais et rendue publique ce mardi, la tâche revient, maintenant, aux élus du peuple, issus des législatives du 29 avril pour un mandat de six ans, de procéder, à leur tour, aux élections du président de la république et du président du Conseil des ministres, selon les principes du régime parlementaire qui régit désormais le Togo.
Si l’identité de la personnalité qui revêtira les habits de Roi d’Angleterre du Togo, juste chargée d’inaugurer les chrysanthèmes, pour un mandat de quatre ans, est encore bien indéchiffrable pour le commun des Togolais, par contre, à moins d’un tremblement de terre, celle du président du Conseil des ministres relève du secret de polichinelle. Ce titre, sauf mauvaise lecture par les experts de la politique togolaise, est promis à Faure Gnassingbé, qui, au passage, conserve ses prérogatives de chef de l’Etat, jusqu’à la désignation des présidents de la république et du Conseil des ministres. En tant que champion de l’UNIR, qui est assurée d’être le parti majoritaire à l’Assemblée nationale, ayant remporté 108 des 113 sièges, selon le verdict des urnes des dernières législatives ouvertes et auxquelles ont pris part l’opposition et des indépendants, Faure Gnassingbé, à moins que lui-même se désiste, ne peut donc passer à côté de ce nouveau poste, dorénavant, le plus important dans l’architecture du pouvoir parlementaire du Togo.
Le schéma était clair, depuis la période de la campagne électorale, durant laquelle les cadres et militants du parti de Faure Gnassingbé, ont véritablement mouillé le maillot, étant comme les seuls, de la scène politique nationale, à comprendre les enjeux de ces législatives qui rejettent dans les oubliettes, la présidentielle au suffrage universel. En effet, le mot d’ordre d’ensemble de l’UNIR était de gagner pour «permettre au président Faure de continuer son œuvre de rassemblement et de développement.» Les meetings de l’UNIR se sont suivis et se sont tous ressemblés, par ce slogan de «coup KO», compte tenu, visiblement de la nouvelle donne du régime parlementaire. En face, ces législatives ont connu peu d’engouement de la part des militants de l’opposition qui, peut-être, attendaient, encore, une probable non promulgation de la nouvelle constitution, et réservaient donc leurs énergies pour la présidentielle.
L’UNIR peut donc boire son petit lait. Sauf que le sommeil des vainqueurs sera loin d’être totalement tranquille. L’opposition, a décidé, comme un seul homme, de continuer à se battre contre cette nouvelle loi fondamentale, qu’elle n’a de cesse de qualifier de «coup d’Etat constitutionnel. Et pour exiger le retour à l’ancienne constitution, celle de 1992, les opposants, rejetant, au passage, les résultats des législatives du 29 avril, entendent mettre en branle la contestation par divers moyens républicains. Seront-ils de cette manifestation prévue pour le dimanche 26 mai, par certaines Organisations de la société civile togolaise?
En tout cas, les prochains jours risquent bien d’être mouvementés dans un Togo où le gouvernement promet de préserver l’ordre et les opposants décidés à se faire entendre.
Par Wakat Séra