En attendant la proclamation définitive des résultats par la cour constitutionnelle, la présidentielle togolaise du 22 février 2020 a livré son verdict provisoire dans la nuit du dimanche 23 au lundi 24, soit pratiquement 24 heures après la joute électorale. Une prouesse sous les cieux, où il fallait attendre des jours, voire des mois pour donner des résultats provisoires et patienter encore d’autres semaines encore pour que la Cour constitutionnelle valide ou non, les chiffres de la Commission électorale nationale indépendante. Mais pour les indécrottables afro-pessimistes qui ne voient la vérité que de l’autre côté de l’Atlantique, le Togo s’est précipité pour donner des résultats pour couper l’herbe sous les pieds d’opposants qui les contestent. Pourtant, en France et aux Etats-Unis, les mêmes résultats des mêmes élections sont publiés le soir même du vote. Pourquoi pas en Afrique et plus particulièrement au Togo où les bureaux de vote. Au pays de Faure Gnassingbé, où la contestation des élections est un condiment essentiel de la sauce électorale, les bureaux de vote ont été fermés vers 16h (TU), pour que les agents et le nombre important de la population, militants pour la plupart de l’opposition, qui a tenu à «surveiller» et prévenir toute velléité de fraude, ne soit pas surpris par l’obscurité de la nuit qui chasse assez tôt la clarté du jour dans cette période.
N’est-ce pas un mieux si le dispositif a fonctionné pour éviter ces temps qui s’étirent à l’infini et ne concourent, in fine, qu’à mettre en place une pratique infaillible de fraude confortée par une suspicion généralisée? Pire, toutes les activités administratives et économiques tournent au ralenti, pour ne pas dire qu’elles sont bloquées, toute vie étant suspendue pour cause d’élection. Tant que les choses peuvent s’améliorer pour que le Togo, tout comme d’autres pays africains vivent des élections ouvertes, inclusives et surtout apaisées où sels les bulletins parlent à la place des machettes, cailloux et autres balles réelles de forces de l’ordre à la gâchette facile qui ne pensent qu’à exercer leur force sur des civils aux mains nues, il est temps d’applaudir et encourager toutes ces initiatives qui favorisent la paix et la cohésion sociale. Alpha Blondy, le célèbre reggae-maker ivoirien n’a-t-il pas chanté que «(…) seuls les imbéciles ne changent pas»? Le nouveau marié du reggae africain a même été complété dans cette belle philosophie par un autre monument de la chanson ivoirienne, le footballeur chanteur qui a été tout autant péremptoire en reconnaissant que «qui n’avance pas recule». Il faut donc que le Togo ; et tous nos pays africains trouvent la formule qui fait «changer» pour faire «avancer» des nations habitués à se faire manipuler par des grands hommes d’affaires qui ont construit leurs empires financiers à partie des richesses du continent qu’ils pillent aisément, éhontement et impunément, après y avoir semé le chaos.
Ainsi, le candidat togolais Agbéyomé Kodjo, au profit duquel son passé de très proche de Feu Gnassingbé Eyadéma et de son flirt, caché ou non, avec des caciques de l’actuel régime, ne militent pas du tout en sa faveur, devrait songer à l’intérêt général et ranger ses calculs mesquins, égoïstes et très personnels, pour laisser le Togo aller de l’avant et bonifier ses réformes politiques et économiques. De même, son soutien étrange qui s’affiche à ses côtés pour essayer de rendre le Togo trouble devrait se raviser pendant qu’il est encore temps et jouer le rôle véritable du berger qui conduit ses troupeaux dans les verts pâturages. Ce temps de jeûne catholique qui sied si bien au pardon, à la piété, à la miséricorde et au changement de vie est une aubaine pour les brebis égarées du Dieu des humains. En tout cas, il est temps pour les uns et les autres de se revenir dans la République. Le pouvoir ne saura pas réussir dans ses contorsions habituelles, si tel est le cas, car le peuple togolais ne se laissera plus faire si ses intérêts sont en jeu.
Par Wakat Séra