Le Groupe de Citoyens d’Appui A l’Opérationnalisation de la Transition (GCAOT), une organisation née à la suite du putsch du 24 janvier 2022, a adressé une correspondance, en date du 7 mars 2022, au président ghanéen Nana Addo Dankwa Akufo-Addop, président en exercice de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO et aux Chefs d’Etat et de Gouvernement des pays membres De la CEDEAO ou leurs Représentants dûment mandatés Excellence Monsieur le Président. Dans ce document, il sollicite leur accompagnement de la transition engagée au Burkina Faso.
« La Charte de la Transition du Burkina Faso a été signée le mardi 1er mars 2022 par le Président du Faso, Chef de l’Etat et Chef Suprême des Forces Armées Nationales, le Lieutenant-Colonel Paul Henri Sandaogo Damiba en présence des représentants des forces vives. Ceux-ci venaient de procéder quelques heures plus tôt à l’examen et à l’adoption des projets de Charte, d’agenda et de Charte des valeurs de la Transition élaborés par le Comité d’élaboration de textes.
La Charte, qui prend effet pour compter du 2 mars 2022, fixe la durée de la Transition à trente-six (36 mois), limite l’équipe du Gouvernement à vingt-cinq (25) membres dirigée par un Premier ministre civil et établit l’Assemblée Législative de la Transition à soixante et onze (71) membres. Un Conseil d’Orientation et de suivi de la transition sera aussi mis en place. Outre ces dispositions, la charte stipule que ni le Président de la Transition, ni le Président du Parlement ne pourront participer aux élections présidentielle et législatives de fin de Transition.
Dès la Charte adoptée, le Président du Faso, Chef de l’Etat et Chef Suprême des Forces Armées Nationales, le Lieutenant-Colonel Paul Henri Sandaogo Damiba a été investi le 2 mars 2022 par le Grand Chancelier des ordres pour la durée de la Transition.
L’appréciation de cet attelage adopté dans la Charte par les forces vives sera sans doute à l’ordre du jour d’une rencontre prochaine de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). A cette occasion, nous souhaitons que les Chefs d’Etat et de Gouvernement jugent la situation du Burkina Faso en tenant compte des points essentiels ci-après :
Premier point : Le choix du Lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, Président du Faso, à la tête de la Transition
Le Lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, Président du Faso, Chef de l’Etat et Chef Suprême des Forces Armées Nationales, a été investi à la tête du pays pour la durée de la Transition. Ce choix est l’expression de la volonté d’une grande frange de la population, convaincue qu’en militaire aguerri des Forces Spéciales, il saura organiser la lutte contre le grand banditisme et l’extrémisme violent qui endeuillent le Burkina Faso. En effet, depuis 2016, la gouvernance civile peine à donner une réponse appropriée aux groupes radicaux qui prennent chaque jour un peu plus le contrôle du pays.
Dès sa désignation par l’Acte fondamental comme Président du Faso le 29 janvier 2022, statut qui fait de lui le Chef Suprême des Armées, le Lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba a entamé la réorganisation du système sécuritaire.
Cela s’est traduit par des réformes dont la mise en place du Commandement des opérations du théâtre national (COTN) visant à centraliser le commandement des forces de défense sur le terrain pour plus d’efficacité. Cela s’est traduit également les jours qui ont suivi par la nomination d’ex-commandants d’unités dont des opérationnels à la tête des armées, de 9 Hauts gradés de l’armée comme gouverneurs et d’un nouveau Directeur à la tête du service de renseignements. En tant que Chef des Armées, le Lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba a effectué des sorties terrain auprès des troupes dans des localités réputées dangereuses. Cet engagement a révélé des signes de bonne collaboration avec les forces Barkhane, couronnée par de opérations militaires conjointes entreprises sur le sol Burkinabè.
D’autres reformes non moins importantes à l’ordre du jour finiront de rendre les Forces Armées Nationales opérationnelles pour assurer la sécurisation et la restauration de l’intégrité du territoire national.
Second point : La fixation de la durée de la transition à trente-six (36 mois)
La durée initiale de la Transition proposée par le comité d’élaboration des textes était de 30 mois. L’ajustement à 36 mois est la volonté exprimée des forces vives au cours des assises nationales d’amendement et d’adoption des projets de textes. Cette revue à la hausse leur a été dictée par les nécessités. En effet, ayant approuvé et adopté son agenda, les forces vives ont jugé que la Transition aura besoin d’un temps moyen de 36 mois pour enraciner les axes stratégiques dans le paysage avant qu’un processus constitutionnel puisse reprendre avec des chances certaines de pérenniser. Les grandes orientations stratégiques de cet agenda se présentent comme suit :
* La lutte contre le terrorisme et la restauration de l’intégrité territoriale ;
* La réponse à la crise humanitaire ;
* La refondation de l’Etat et l’amélioration de la gouvernance ;
* L’assainissement et la refondation de la vie politique ;
* La poursuite de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale ;
A ce propos, il est bon de souligner que nombre de Burkinabè sincères reconnaissent que le temps imparti a été l’une des insuffisances de la Transition de 2014. A l’époque en effet, les acteurs politiques impatients, et sous la poussée de la communauté internationale plus réceptive à une Transition courte, ont vite fait d’en limiter la durée à un an, sans tenir compte des questions structurelles qui avaient occasionné les évènements des 30 et 31 octobre 2014. Sept (7) ans après, l’éviction du Président Roch Marc Christian Kaboré rappelle à tous la nécessité de régler des préalables dont le pays ne saurait faire l’économie. Les grandes orientations stratégiques de l’agenda de la Transition sont la traduction écrite de ces préalables.
Il est bon de rappeler que les assises nationales qui ont adopté cette Charte et ses documents annexes étaient composées de 351 représentants de forces vives des 13 régions, de l’ex-opposition, de l’ex-majorité et de la société civile (OSC, religieux, coutumiers). Enfin, les travaux ont été dirigés par un ancien Premier Ministre et un ancien Ambassadeur. L’adoption des documents de la Transition a donc été participative, inclusive et consensuelle.
Troisième point : La confiance des acteurs nationaux et des partenaires internationaux aux actes de la Transition
A ce jour, aucune contestation manifeste contre la durée de la transition ou l’investiture du Président Damiba n’a été enregistrée au sein de l’opinion publique burkinabè, ni dans les Médias et encore moins chez les leaders d’opinion.
La cérémonie d’investiture s’est déroulée en présence du corps diplomatique et des partenaires internationaux du Burkina Faso. Le lendemain de cette investiture, la Représentante Spéciale de l’Union Européenne pour le Sahel, au sortir d’une audience que lui a accordée le Président Damiba, a dit avoir « eu l’assurance du retour à l’ordre constitutionnel, un principe auquel l’Union européenne tient fermement ». Elle n’a pas manqué d’affirmer que les perspectives étaient rassurantes pour le Burkina Faso et qu’elle prenait acte de la durée de la Transition.
L’adhésion des forces sociales aux actes de la Transition et le soutien manifesté par les partenaires internationaux attestent du sérieux du processus engagé par le Burkina Faso sous la direction du Président Damiba.
Au regard de ce qui précède, nous demandons à la CEDEAO :
° de prendre acte de la volonté du peuple Burkinabè d’accorder 36 mois à la Transition afin de tracer les grands axes de la restauration et de la refondation du Burkina Faso ;
° d’accompagner le Burkina Faso dans la mise en œuvre rigoureuse de l’agenda de la Transition ;
° d’apporter au pays la logistique ainsi que les moyens financiers et diplomatiques nécessaires pour combattre les groupes extrémistes ;
° de soutenir le Burkina Faso pour donner une réponse à la crise humanitaire des personnes déplacées internes et pour assurer la protection de ses populations conformément aux engagements des chefs d’Etat et de gouvernement qui ont affirmé leur responsabilité lors du Sommet mondial du 14 au 16 septembre 2005 au siège de l’ONU à New York ;
° de soutenir l’organisation des scrutins qui marqueront la fin de la Transition au Burkina Faso.
Le Peuple du Burkina Faso vous en sera reconnaissant.
Nous vous prions d’agréer, Excellence Monsieur le Président, l’hommage de notre profond respect.
Ampliations
– Présidence du Faso
– Ambassade France
– Ambassade Etats-Unis
– Union Européenne Le Porte-parole
– Pdt Commission UA
– Pdt Commission CEDEAO
– Représentant spécial SGNU
– Pdt Commission UEMOA
Evariste Faustin Konsimbo,
Docteur en Sciences de Gestion
Contact : 70 09 73 64
Membres
Amadou Traoré, Juriste administrateur civil
Siaka Coulibaly, juriste politologue
Maitre Kyelem Appolinaire de Tambela, Avocat
Lookmann Sawadogo, journaliste
Issaka Lingani, journaliste
Dr Zakaria Tiemtoré, Universitaire »