38e sommet annuel de l’Union africaine, à Addis-Abeba. Ce week-end, les dirigeants du continent se retrouveront au chevet d’une Afrique bien mal en point. Un nouveau président de la Commission à élire pour remplacer le Tchadien Moussa Faki Mahamat. Un chantier à côté duquel les crises et conflits qui secouent l’Afrique seront l’Himalaya à escalader par des chefs de l’Etat de l’Union Africaine (UA) déjà bien essoufflés par la vie chère, les attaques terroristes et leurs morts et Personnes déplacées internes (PDI).
A cela s’ajoutent les fins de mandat que certains d’entre les chefs de l’Etat, notamment le Camerounais Paul Biya, 92 ans et l’Ivoirien Alassane Ouattara, 83 ans, semblent être sur le point de prolonger, malgré leurs âges bien avancés et les prescriptions de la Constitution. Que dire du financement, une plaie incurable que l’organisation africaine, porte et qui l’empêche de fonctionner à plein régime? Mais tous ces maux ne sont que broutilles à côté des canons qui tonnent au Soudan où deux généraux, Abdel Fattah al-Burhan, le président du Conseil militaire de transition du Soudan et le paramilitaire Mohamed Hamdan Dogolo alias Hemetti marchent sur les cadavres de civils pour leur soif inextinguible du pouvoir. L’un, Hemetti, veut arracher par les armes, le pouvoir auquel s’accroche l’autre, Abdel Fattah al-Burhan.
L’autre gros morceau sur lequel les têtes couronnées vont, sans doute se casser les dents, c’est bien la République Démocratique du Congo, où, dans l’Est, et plus particulièrement dans le Nord et le Sud-Kivu, le M23 et l’Alliance Fleuve Congo, forts du soutien du Rwanda, dans une marche meurtrière, conquièrent territoires sur territoires, au grand dam des Forces armées nationales et de leurs alliés burundais et sud-africains, et surtout du président Félix Tshisekedi. L’ampleur régionale inquiétante prise par une guerre qui se caractérise, désormais, non plus par que les nombreux morts, blessés, et personnes déplacées, mais les viols et enrôlements des enfants, qui, avec les femmes, sont toujours les premières victimes innocentes de cette grosse bêtise humaine.
L’union Africaine, dont les membres ne sont, la plupart du temps, d’accord que sur leurs désaccords, réussira-t-elle, à travers ce 38e sommet, à calmer les ardeurs des belligérants, là où la SADC et l’EAC peinent et où les Eglises catholique et protestante de la RD Congo, ont entrepris la démarche d’un dialogue qui devrait rassembler tous les acteurs, et même le M23? A défaut de réussir au premier essai, l’UA devra, en tout cas, remettre l’ouvrage sur le métier, afin que des solutions africaines soient trouvées aux crises africaines.
Pour l’instant, c’est l’Union européenne qui donne un coup de pied dans la fourmilière, bien que le Rwanda soit un de ses partenaires de premiers rangs sur le continent. L’Union pourrait même aller jusqu’à des sanctions ciblées contre des personnalités rwandaises dont, on ignore, pour l’instant les noms des premiers cobayes. Pourtant, le Rwanda a, toujours été comme un caillou dans la chaussure des dirigeants de l’UE, pour leurs rôles, supposés pour certains et vrais pour d’autres, dans le génocide douloureux vécu par le pays des mille collines. Un fait historique dramatique, sur lequel a toujours surfé Paul Kagamé! Question: quelle sera la réaction de Kigali face à ces mesures de l’UE, qui pourraient être suivies d’autres? Kigali réfléchit sans doute déjà à la nouvelle donne!
C’est donc sur ce volcan d‘une Afrique de guerres, de maladies, de vie chère, de coups d’Etats, de lutte contre le terrorisme, de repli identitaire, etc., que l’Union Africaine tentera de retrouver ses marques! Un sommet plus ou un sommet de plus? C’est certain, le week-end ne sera pas de tout repos à Addis-Abeba, entre plénière, huis-clos et rencontres de couloirs!
Par Wakat Séra
