Une série de grèves sont constatées depuis quelques semaines au sein de l’Unité de formation et de recherche en Science de la Vie et de la Terre (UFR/SVT) de l’Université Joseph Ki-Zerbo. La dernière en date est de 120 heures que ses étudiants observent depuis le mardi 11 juillet 2023. Selon plusieurs témoignages, émanant notamment des apprenants, et recoupés par Wakat Séra, la raison principale de ces manifestations se trouve dans l’application de nouveaux textes par l’Administration et qui ne conviendraient pas aux étudiants. Focus sur lesdits textes mis en cause par les grévistes.
Les étudiants de l’Unité de formation et de recherche en Science de la Vie et de la Terre (UFR/SVT) de l’Université Joseph Ki-Zerbo et leur Administration sont à couteaux tirés. Ce qui a abouti à une succession de grèves au sein de cette Unité de formation. Si les raisons évoquées par les étudiants grévistes sont nombreuses, il en existe une principale qui reste sans cesse au bout des lèvres.
Il s’agit de l’arrêté n°2019 073/MESRSI/SG/DGES portant régime général des études du diplôme de Licence. C’est ce texte qui est incriminé par les apprenants.
Les étudiants sont en effet très remontés contre certaines dispositions de cet arrêté. Il s’agit par exemple de l’article 34 qui stipule qu’un semestre n’est validé que lorsque la moyenne obtenue dans chaque unité d’enseignement est supérieure ou égale à 7/20. Les manifestants dénoncent «une note éliminatoire», citant des exemples qui se sont passés dans certaines universités et Unité de formation.
Selon le délégué général de l’ANEB UFR/SVT, Mamadou Sanou, un étudiant à l’Université Nazi Boni de Bobo-Dioulasso a obtenu 15/20 de moyenne, mais se retrouve à reprendre le semestre parce qu’il n’a pas obtenu ce 7/20 dans une matière. Il confie également qu’à l’UFR/SEA (Sciences exactes et appliquées), toute la promotion de Master II s’est retrouvée ajournée au semestre 3 à cause de ce régime d’étude, faute de la note de 7/20 notamment.
L’instauration de cette «note éliminatoire» répond, du reste, à une exigence de qualité, défendent les autorités de l’UFR/SVT. Le directeur général de l’UFR SVT, Pr Patrice Zerbo rappelle par ailleurs, que les exigences du système LMD (Licence Master Doctorat) demandent que l’étudiant valide chaque unité d’enseignement avec une moyenne de 10/20.
Mamadou Sanou et ses camarades ne l’entendent pas de cette oreille et estiment que les conditions ne sont pas réunies à l’Université Joseph Ki-Zerbo, pas en tout cas dans leur UFR, pour faire appliquer de telles dispositions. «Selon les textes, il faut par exemple 25 étudiants par salle pour les TD (Travaux dirigés). Mais nous on se retrouve souvent entre 120 à 250 étudiants par salle pour ces activités pédagogiques», fait observer Madi Ouédraogo, délégué élu adjoint de l’UFR/SVT et militant de l’ANEB.
Les manifestants rejettent les textes du nouveau régime général des études et maintiennent qu’ «ils durcissent les conditions d’évaluations et de passage dans le but de chasser les étudiants des campus». «L’année dernière par exemple en Promotion 21 on notait 1 180 étudiants lors du semestre 1 et 627 étudiants au semestre 2, soit 553 étudiants qui ont abandonné entre le semestre 1 et le semestre 2 avec l’application du nouveau régime d’études. Les résultats de cette même promotion en session normale de L1S2 étaient de 27 admis sur 627 étudiants», note le DG de l’ANEB/SVT.
Les étudiants grévistes de l’UFR/SVT dénoncent également leur système d’évaluation. «Les évaluations sont regroupées sous forme d’examen terminal pour les semestres pairs», regrette Madi Ouédraogo, qui indique que les semestres, eux, ne sont pas compensatoires non plus. «Ça veut dire par exemple, que si tu gagnes 19 de moyenne au semestre 1, si tu n’as pas au moins 10/20 au semestre 2, tu ne vas pas valider ton année», explique M. Ouédraogo.
Les manifestants avancent que c’est au vu «des ravages» que fait le nouveau régime des études, qu’ils refusent son application. Leur grève de 120 heures décrétée à l’issue d’une Assemblée générale va du mardi 11 juillet au samedi 15 juillet 2023. Au cours de ces cinq jours, les activités académiques et pédagogiques seront suspendues au sein de cette Unité de formation et de recherche.
Par Siaka CISSE