Le directeur général du Centre national des œuvres universitaires (Cenou), l’inspecteur des impôts Mahamado Yaoliré, nommé en novembre 2016, a confié à Wakat Séra que c’est au moins «35 000 plats» qui sont servis par jour dans les Restaurants Universitaires (RU) du pays. Il a annoncé dans cet entretien accordé à votre site, le lancement officiel les semaines à venir de cartes magnétiques en remplacement des tickets de restaurant en vue de rendre fluide la gestion des RU.
Wakat Séra: Des cartes magnétiques que le Cenou est en train de mettre à la disposition des étudiants devraient remplacer les tickets de restaurant universitaire…
Mahamado Yaoliré: C’est vrai. C’est un vieux projet qui date de 2012, mes prédécesseurs ont travaillé à le mettre en œuvre mais c’est moi qui ai eu la chance aujourd’hui d’opérationnaliser l’informatisation des Restaurants universitaires (RU) parce qu’il faut dire que de par le passé la gestion était manuelle. On a eu à faire face à beaucoup de problèmes, notamment celui des faux tickets. C’est donc l’ensemble de ces soucis qui a amené à réfléchir sur cette nouvelle organisation qui en tout cas pourra nous faire sortir de l’ensemble de ces problèmes.
Donc quand je suis arrivé (en novembre 2016), j’ai approuvé le projet et je me suis mis à la tâche avec l’ensemble de mes collaborateurs pour que nous puissions mettre ça en œuvre. Cette une plateforme qui permettra de distribuer des cartes aux étudiants. Nous donnons la carte gratuitement à l’étudiant qui doit la recharger avant de passer au RU pour qu’on débite la carte à 100 F CFA équivalent au coût d’un plat.
Combien de cartes sont-elles distribuées aux étudiants?
Dans le projet, on devait distribuer 25 000 cartes. Alors aujourd’hui on a touché pratiquement les six régions (universitaires) mais on s’est rendu compte que le nombre est insuffisant et il nous fallait d’autres cartes pour pouvoir combler le gap et procéder au lancement officiel du système qui est déjà en marche à Fada N’Gourma depuis novembre, à Ouahigouya, à Dédougou, à Bobo-Dioulasso (capitale économique) et à Koudougou. A Ouagadougou, il ne nous restait que 8 000 cartes qu’on a distribuées en une semaine. On sait rendu compte que le nombre d’étudiants qui n’ont pas eu les cartes dépassent ceux qui l’ont eu. Les 25 000 cartes étant épuisées, il nous faut acquérir au moins 15 000 cartes encore et espérer atteindre le maximum d’étudiants pour pouvoir lancer officiellement l’opération qui est déjà en marche, à Bobo, Koudougou, Fada et à Dédougou où les étudiants se restaurent avec cette carte.
Comment cette carte est-elle utilisée?
D’abord il faut souligner que ce qui est important ce sont les informations qui sont sur la carte. C’est-à-dire que l’étudiant qui est attributaire d’une carte de restaurant, en fonction de sa bourse, peut aller au niveau d’un point de rechargement Cenou, précisément au niveau des services comptables et il recharge sa carte avec un stock qui ne doit pas excéder 7 000 FCFA par mois. Lorsqu’il se présente à un restaurant universitaire, il met la carte sous un Terminal de Paiement Electronique (TPE) et s’il veut un repas, on débite 100 FCFA. Et comme il y a des paramètres pour maîtriser le nombre de repas servi qui sont intégrés dans la carte, on arrive à suivre pour que dans le mois l’étudiant ne puisse pas débiter au de-là des 7 000 FCFA demandés. Le système est récupéré sur une plate-forme et les données chaque jour sont consultables par restaurant, par site et nous suivons tout ce qui se passe.
Quels sont les avantages liés à cette carte?
L’avantage premier, c’est que ce projet nous permet de nous assurer que c’est uniquement des étudiants qui se restaurent au RU. C’est un avantage indéniable. A Ouagadougou, on s’est rendu compte entre temps que la plupart des vendeurs qui rôdent autour de l’Université et même des élèves de Lycée Technique de Ouagadougou(LTO), se restauraient au RU quand il n’existait pas cette carte. En plus le contrôle n’était pas aussi très ferme puisqu’avec les chevauchements des années, on avait des problèmes avec la carte Cenou.
En deuxième lieu, cette carte permettra une fluidité au niveau de la gestion des RU. Vous savez qu’avec les tickets on procédait par un système de comptage, ce qui ne vérifiait toujours pas si le nombre de repas servis équivalait exactement au même nombre de tickets. Et comme ce sont des êtres humains qui comptent, les erreurs sont permises. Donc cette carte nous permettra dorénavant d’éviter automatiquement les erreurs de comptage.
A combien peut-on évaluer le coût de ce projet?
Il faut dire que le projet coûte au Cenou autour de 300 millions francs CFA. L’avantage que nous comptons récupérer sur ce projet n’a rien avoir avec son coût.
A quand le lancement officiel du projet d’informatisation du Cenou?
Le projet sera officiellement lancé quand nous allons acquérir au moins les 15 000 cartes dont je vous ai fait part. En fait c’est une cérémonie pour rendre le système public, informer l’opinion sinon dans la pratique nous y sommes déjà engagés.
Les étudiants contribuent-ils d’une certaine façon financièrement à la confection de cette carte?
Pour le moment non, puisque dès le départ, tout a été conçu et analysé avec les syndicats des étudiants. Pour eux, comme ils n’ont pas demandé l’informatisation du Cenou, ils ne voient pas pourquoi ils vont contribuer. C’est le Cenou qui y voit un intérêt et c’est nous qui mettons les moyens pour aboutir à cette informatisation. Mais nous leurs avons dit que pour les premières cartes, nous leurs donnerons gratuitement mais celui qui perd sa carte doit payer au minimum 500 FCFA pour avoir une autre carte.
Quel est l’étudiant qui a droit à cette carte?
Un étudiant qui est régulièrement inscrit, qui a son reçu d’inscription de l’année en cours, qui a pu s’octroyer une carte Cenou, ces deux éléments nous suffisent pour l’enrôler et lui attribuer la carte de restaurant.
Quelles sont les difficultés majeures que vous avez-rencontrées dans l’application de ce projet?
Naturellement dans tout projet informatique de ce genre, dès le départ on avait de petits problèmes liés à la télécollecte qui est en train d’être régulés puisque les TPE que manipulent les contrôleurs de restaurant après chaque séance de repas contiennent des informations qui doivent être vidées pour qu’on puisse les rapatrier sur la base. C’est ce qu’on appelle télécollecte. D’autres TPE avaient ces problèmes mais qui sont en train d’être corrigés. On nous avait aussi souligné un problème de rechargement, mais tout ça c’est normal mais jusqu’à présent on n’a pas rencontré de problème sérieux qui peut retarder ou bloquer la marche du système. Ce sont de petits problèmes pour moi qu’on corrigera en avançant.
Le Cenou a-t-il pensé à des réponses palliatives en cas de défaillance du système?
Notre principe est que le système ne doit pas empêcher un étudiant de prendre un repas. Nous sommes partis sur cette base parce que nous savons le public auquel nous faisons face. C’est un public qu’il faut gérer avec tact, donc si le système vient retarder ou bloquer même la prise du repas, le système mourra dès le départ comme je l’ai dit. Sur cette base, au niveau par exemple des débits, nous ne nous intéressons même pas au réseau. Sans réseau, le système fonctionne au niveau des points de restaurants et services puisque les TPE emmagasinent les informations et quand le réseau se rétablit, les appareils se connectent et vident les informations sur la base. C’est des inquiétudes qu’on a expérimentées dès le départ et cela a été traité avec les techniciens.
Des étudiants disent ne pas avoir l’information…
Je dirai que ces étudiants ne se sont pas intéressés à l’information sinon nous avons discuté et échangé avec leurs responsables. Les prestataires et le Cenou ont fait le tour dans toutes les régions universitaires pour expliquer et réexpliquer ce projet. En plus, on a fait des affiches, des conférences, et les étudiants ont eu l’occasion de soulever toutes les inquiétudes possibles auxquelles des réponses fiables y ont été apportées.
Combien de cités universitaires compte le Cenou à ce jour?
Au jour d’aujourd’hui à Ouagadougou nous avons six cités universitaires dont les deux plus grandes font partie du patrimoine du Cenou. Les quatre autres sont des locations. A Bobo-Dioulasso, nous avons deux cités à savoir la cité 1 008 lits et la cité de Nasso. A Koudougou on peut dire que nous avons six cités mais nous tendons à réduire ça à trois cités car il est envisagé la construction d’une cité encore plus moderne pour transférer les étudiants là-bas et nous sommes sûrs qu’ils seront encore dans de meilleures conditions. Normalement, il va rester la cité Ouédraogo, la cité Bazié et la Cité Fasotexte, et l’ensemble de ces cités auront une capacité d’accueil plus grande que les six cités qu’on a actuellement. L’ensemble des six cités font autour de 4 600 lits mais avec le système de cambodgeage, nous sommes sûrs que les étudiants qui vivent dans les cités tournent autour de 5 000 quand on prend en compte ceux qui ne sont pas sur nos fichiers mais qui y habitent avec leurs amis. D’ailleurs nous avons essayé de lutter contre ce phénomène en vain pour le moment.
Combien de plats sont servis par jour dans les RU?
Dans tous les RU nous servons actuellement 35 000 plats par jour. Le fonctionnement du RU est organisé dans un cadre avec les étudiants qu’on appelle comité de restaurant qui planifie, analyse et fait des inspections inopinées. Ce travail est fait chaque deux semaines à l’avance. C’est-à-dire que les membres du comité s’entretiennent avec les prestataires et définissent les mets qui seront servis dans les deux semaines à venir. Donc l’inspection est faite pour superviser la qualité et la quantité du repas. En dehors de tout ça, nous avons un contrat avec le Laboratoire national de santé publique (LNSP) pour des analyses aussi inopinées parce qu’il faut se dire que quand on la charge de la restauration de la masse, il faut beaucoup prêter attention à ses données-là parce qu’une moindre intoxication peut créer beaucoup de dégâts.
Combien de prestataires le Cenou a-t-il engagés pour les services des Restaurants universitaires?
On en a 15 puisque maintenant dans le système de passation de marchés, il est dit qu’un prestataire ne peut plus être attributaire de plus de deux lots. A Dédougou il n’y a qu’un restaurant, donc attribué à un prestataire. Il en est de même pour Fada N’Gourma qui a un prestataire et aussi Ouahigouya, un prestataire. Koudougou a deux points de services donc deux prestataires. A Ouagadougou, nous avons le restaurant central et celui de la cité chinoise qui sont attribués à un prestataire, le RU de Kossodo et de l’IBAM aussi attribués à un prestataire, les RU Babanguida et de la cité de la Patte d’Oie, un prestataire, et le RU situé au Salon international de l’Artisanat de Ouagadougou (SIAO) a été également attribué à un prestataire. A Bobo-Dioulasso, il y a trois points de service (cité 1 008 lits, INSA et Nasso) pour trois prestataires.
Par Bernard BOUGOUM