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Vaccin contre le coronavirus: le Burkina «n’a pas eu une approche sous une quelconque pression»

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Le ministre burkinabè de la Santé Charlemagne Ouédraogo lors de l'entretien avec une équipe de Wakat Séra le 17 avril 2021 Ph. Daouda ZONGO @wakatsera.com

Le Pr Charlemagne Ouédraogo, Gynécologue –​Obstétricien qui a présidé l’Ordre des médecins au Burkina Faso, a été nommé, début janvier 2021, ministre burkinabè de la Santé en remplacement du Pr Claudine Lougué. Comment il se sent dans ce poste ministériel ? Quels sont ses rapports avec les partenaires sociaux que sont les syndicats ? Quelles sont les actions menées ou à mener pour rehausser le niveau des hôpitaux du pays ? Quelle est l’urgence qui dicte l’introduction du vaccin du coronavirus au Burkina ? Voici autant de questions auxquelles le ministre a apporté des réponses, dans un entretien qu’il nous a accordé, le samedi 17 avril 2021, dans un Hôtel dans le quartier résidentiel Ouaga 2000.

Wakat Séra : Comment vous vous sentez dans la peau du ministre de la Santé du Burkina ?

Ministre Charlemagne Ouédraogo: (Rire) Mais comment je me sens ? Je me sens bien. Mais je sens une lourde charge. Une lourde charge, une grande responsabilité, car assurer la gouvernance du ministère de la Santé, n’est certainement pas simple. C’est ce sentiment que je ressens.

En tant que celui qui a assuré la présidence de l’Ordre des médecins, peut-on dire que vous êtes l’homme qu’il fallait à ce poste pour faire changer les choses ?

Ah ! c’est difficile parce que je suis arrivé là, vous savez qu’il n’y a pas une école pour être ministre, je suis en apprentissage et fort heureusement que j’ai une grosse équipe qui m’accompagne et c’est grâce à cette grosse équipe là que je compte mener la mission. L’homme idéal, c’est difficile. Je serai jugé au terme de mon mandat et je vous laisserai donc apprécier si nous avons réussi la mission ou pas.  

Monsieur le ministre, aujourd’hui, comment va le secteur de la santé au Burkina Faso ?

Le Pr Charlemagne Ouédraogo, ministre burkinabè de la Santé répondant à des questions du site Wakat Séra Ph. Daouda ZONGO @wakatsera.com

Le secteur de la santé au Burkina est à la croisée des chemins ! Depuis l’avènement de la pandémie (du coronavirus) qui a non seulement révélé un certain nombre d’insuffisances dans le dispositif, et aussi, a montré qu’il y a un grand défi à relever. Aujourd’hui, nous avons beaucoup de chantiers qui est non seulement de répondre aux besoins des populations en apportant des soins efficaces et de qualité, disponibles et accessibles surtout géographiquement et financièrement. Et ensuite nous avons l’obligation de mettre en œuvre les différentes réformes hospitalières qui ont été votées à l’Assemblée (Nationale). Ce n’est pas chose simple et sans oublier que nous devons travailler à dérouler donc le protocole d’accord entre le gouvernement et les partenaires sociaux, qui est un engagement du gouvernement pour lequel nous devons travailler à mettre en œuvre au profit donc des travailleurs.

C’est vous dire que c’est un chantier énorme et nous comptons avancer en équipe. Comme je l’ai dit dès le départ, je place ce mandat sous le sceau de la solidarité agissante et la cohésion sociale.

Parlant des réformes, lors d’un déjeuner de presse, vous aviez parlé de plan d’urgence qui sera mise en œuvre dans le secteur. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Le plan d’urgence est un plan qui vise à apporter de la résilience aux grands hôpitaux qui sont environ 14 au Burkina Faso, en période de pandémie Covid-19, afin de leur redonner un niveau technique optimal et une gouvernance satisfaisante afin d’adresser aux différentes questions de maladies pour que les populations soient satisfaites. C’est pour cela que nous avons parlé d’un plan d’urgence parce que nous sommes en période d’urgence mondiale, d’urgence nationale Covid-19 qui a fragilisé nos hôpitaux qui étaient déjà fragiles. Il est important dans cette situation, d’apporter une réponse urgente d’où l’intérêt d’un plan d’urgence adressé à nos hôpitaux.

Ce plan d’urgence va avoir comme mécanisme d’accompagnement un débat sur la réforme du mode et mécanisme de financement des hôpitaux publics, afin qu’au terme de ce plan d’urgence, hé bien ! le nouveau mécanisme d’accompagnement puisse se mettre en place et prendre le relai et faire de nos hôpitaux des endroits qui peuvent s’autofinancer et faire en sorte qu’il y ait tout ce dont on a besoin pour lutter contre les maladies.

Alors, vous parlez d’urgence mondiale, justement, des Burkinabè se demandent où se trouve l’urgence pour que le Burkina veuille aller vers la vaccination comme mesure de lutte contre le coronavirus pourtant le taux de contamination, des actifs et de décès sont relativement bas ?

Disons que si vous regardez au niveau du secteur maladie, en terme de taux de létalité dû à la Covid-19, hé bien vous allez dire que ce n’est pas un impératif d’autant plus qu’il y a d’autres maladies qui tuent plus que le coronavirus au Burkina. Mais il ne s’agit pas de cela. Il s’agit d’une urgence mondiale qui est aussi bien sanitaire qu’économique. Economique pourquoi ? Parce que c’est la seule maladie qui a pu clouer nos économies nationales et internationales. C’est la seule maladie qui a amené tout le monde à se confiner. La seule maladie qui a empêché le petit commerce de se dérouler. C’est la seule maladie qui a encore appauvri les populations. Il est important que dans l’approche de riposte contre cette maladie, nous puissions utiliser toutes les armes dont nous disposons et que la science nous permet d’avoir pour lutter contre la maladie. D’où l’intérêt d’ajouter à cet arsenal la vaccination qui vient d’arriver parmi l’ensemble du dispositif que nous avons élaboré ici et ailleurs, depuis le mois de mars 2020 pour lutter contre la Covid-19.

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Le Burkina a ratifié pas mal de traités. Nous ne pouvons pas nous mettre en marge de ce combat mondial. Nous n’avons pas eu une approche sous une quelconque pression. Nous avons eu une démarche tranquille jusqu’à maintenant. Et comme je le disais, nous avons dit à nos partenaires que ce n’est pas une course de vitesse parce que le Burkina est déjà champion international en matière de vaccination. Un champion ne court pas. Il va à son rythme qui lui permet de rester et de demeurer champion pendant que d’autres cherche à être champions.

Aujourd’hui il n’est point question de remettre en cause la vaccination. Nous connaissons tous l’intérêt de la vaccination du programme élargie des vaccinations.

Il y a eu beaucoup de débats sur le vaccin contre la COVID. Ce qui est sûr il y a un intérêt à ajouter la vaccination parmi l’ensemble des armes que le monde entier déploie contre cette maladie en respectant les indications, les prescriptions médicales.

Mais ici au Burkina Faso tout le monde sera-t-il éligible à cette vaccination ?

Non ! ça ne sera pas tout le monde qui sera éligible pour la vaccination contre la Covid 19. C’est pour cela que nous justifions que c’est une urgence pas urgence forcement médical. C’est une urgence internationale, une urgence économique qui nous oblige à utiliser toutes les armes pour lutter contre cette maladie.

Il s’agit d’une vaccination volontaire. Et il s’agira des personnes très exposées, dont le personnel soignant, des militaires et paramilitaires qui sont en première ligne de la lutte et les personnes qui présentent de comorbidités, notamment.

Monsieur le ministre, depuis votre arrivée à la tête du département de la Santé, quels sont vos rapports avec les partenaires sociaux que sont les syndicats ?

Est-ce qu’on peut dire que vous avez su les convaincre pour qu’il y ait de l’accalmie en ce qui concerne les manifestations d’humeur ?

Disons que, nous n’avons pas… Ce n’est pas une histoire de les convaincre. Nous travaillons ensemble. Donc ce n’est pas une opération de conviction. Nous travaillons ensemble et il y a déjà un travail qui s’est engagé avant mon arrivée. Nous poursuivons ce travail et nous essayons d’améliorer le contact avec les partenaires sociaux pour qu’ils soient au courant de ce que nous faisons et également que nous soyons au courant des préoccupations des travailleurs afin de les adresser au gouvernement.

Entretien réalisé par Daouda ZONGO