Après un marathon judiciaire qui a duré 18 mois, le verdict du procès du putsch manqué de septembre 2015 a été rendu ce 2 septembre, soit quelques jours avant la date anniversaire de ce coup de force. Dans cet article, des citoyens commentent la décision du Tribunal militaire.
Aziz Dabo, porte-parole de Nouvelle alliance du Faso (NAFA): «Je reste sur ma faim et ma soif»
Moi je commence par déjà remercier le tribunal qui a rendu le verdict après 18 mois de jugement. Par rapport à la condamnation de mon leader le général Djibrill Bassolé, je ne suis pas du tout satisfait parce que pour quelqu’un qui au rendu du verdict, concernant les accusations de complicité ou auteur d’attentat à la sûreté de l’Etat, coups et blessures, on trouve qu’il n’est pas coupable, mais curieusement en ce qui concerne la trahison, il est coupable. Nous sommes là pourtant pour juger un coup d’Etat manqué. Comment quelqu’un qui n’a ni été auteur, ni complice de ce coup d’Etat peut avoir trahi? Je reste sur ma faim et ma soif. Je reste quand même assez surpris de ce verdict qui a été rendu parce que nous avons continué d’expliquer, de montrer et de démontrer qu’il (Djibrill Bassolé, NDLR) n’avait rien à avoir avec ce coup d’Etat.
Zopan Drabo, blessé du putsch: «Le droit a été dit»
Des gens ont été jugés et condamnés, donc je me dis que le droit a été dit. Pour ceux qui disaient qu’on ne peut pas juger telle ou telle personne, ils vont voir que le droit a été dit et pour nous c’était l’essentiel.
Eloi Sawadogo, président de la Ligue des jeunes du Burkina (osc): «C’est une victoire pour le peuple burkinabè»
Pour moi c’est une victoire pour le peuple burkinabè. Je profite saluer la bravoure des avocats du peuple qui ont abattu un bon boulot. Du moment où le droit a été dit, c’est déjà suffisant.
Harouna Marané, photographe: «La situation du pays est très difficile, mais quand même le procès a pu se tenir»
Je pense que justice a été rendue aux martyrs du coup d’État du RSP (Régiment de sécurité présidentielle, aujourd’hui dissout, NDLR). Il faut aussi dire que l’ensemble des résistants et les démocrates apprécieront le verdict final. Sinon en partie, il y’a une satisfaction. Je pense que les acteurs ont donné le meilleur d’eux-mêmes. La situation du pays est très difficile, mais quand même le procès a pu se tenir jusqu’à terme.
Ibrahima Sangaré, conseiller en élevage: «Le procès a été équitable»
A l’appréciation, le verdict à l’endroit du Général Diendéré est bon. Mais je trouve que Bassolé a écopé d’une peine moindre. J’ai un peu déploré l’attitude de certains accusés qui n’ont toujours pas compris, je crois, que le pays appartient à nous tous et non à un certain nombre de personnes. Le procès a été équitable à mon avis.
Lianhoué Imhotep Bayala, secrétaire permanent du Comité international Mémorial Thomas Sankara: «Tout s’est bien passé»
Le coup d’État en lui-même est une atteinte grave à la sûreté de l’État et quand on ajoute les graves atteintes à la vie humaine dont 14 morts et 305 blessés, on devait au moins obtenir la prison à vie pour les deux généraux. Le temps mis et ce que ce procès a coûté au contribuable burkinabè, nous obligeait à être sans réserve. Mis à part la lenteur et surtout le refus de jouer franc jeu de la majorité des accusés tout s’est passé bien.
Propos recueillis par Boureima DEMBELE et Bernard BOUGOUM