Le ministre des Transports, de la Mobilité urbaine et de la Sécurité routière, Vincent Dabilgou, a affirmé ce lundi 7 janvier 2019 à Ouagadougou, que « traverser le Burkina est devenu un calvaire » à cause des ralentisseurs sauvages communément appelés au Faso, « Gendarmes couchés ». Le ministre a annoncé une vaste opération de recensement des ralentisseurs anarchiques qui débutera dès demain, en vue par la suite de leur destruction. Cette action sera menée de concert avec tous les acteurs de la route en vue de permettre au Burkina de regagner sa position de « pays de transit » dans l’espace de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA).
Cette rencontre avec la presse vise la sensibilisation des populations sur les dangers des ralentisseurs sauvages qui causent d’énormes ennuis (accidents, endommagements ou usure d’engins et pertes économiques, entre autres). Fort de ce constat, et avec l’augmentation du prix du carburant le 8 novembre dernier, les organisations des transporteurs sont montées au créneau pour appeler à la destruction de ces « Gendarmes couchés » pour rendre la circulation plus fluide et compenser des pertes qu’ils subissent depuis la hausse des tarifs du carburant.
Le gouvernement ayant accédé à cette requête, le ministre Dabilgou a reconnu qu’il est vraiment difficile de traverser le Burkina avec ces ralentisseurs-là. « Aujourd’hui le constat est amer. Les transporteurs sont pénalisés par les routes qui sont totalement jonchées de manière sauvage de ralentisseurs ». C’est pour cela que le gouvernement a décidé que son département reprenne la lutte sans merci contre la constitution des ralentisseurs sauvages sur l’ensemble du réseau routier national mais aussi dans les villes notamment à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso, la deuxième capitale du pays.
Même si le premier responsable de la Sécurité routière au Burkina dit comprendre les raisons qui ont fait que des gens ont dressé ces ralentisseurs anarchiques, il pense qu’il faut combattre le mal à la racine en sensibilisant les usagers à limiter les vitesses. « Au Burkina, on a une culture de la mobilité, on aime trop la vitesse », a-t-il déploré tout comme les installations des activités commerciales (menuiserie, soudure, commerce, entre autres) aux abords des voies bitumées ou non.
Cette deuxième vaste opération contre le phénomène des ralentisseurs illégaux qui va du 8 au 23 janvier, débute dès demain sur la Route nationale numéro 1 (RN 1), a indiqué Vincent Dabilgou en rassurant que tous les segments de son département notamment l’Office nationale de la sécurité routière (ONASER), la direction générale des Transports terrestres et maritimes (DGTTM), la direction générale de la Mobilité urbaine (DGMU), le Centre de contrôle de véhicule automobile (CCVA) et des faîtières patronales dont la Fédération nationale des acteurs du transport routier (FENAT) et de l’Organisation des transporteurs routiers du Faso ( OTRAF), sont impliquées et procéderont à l’inventaire de tous ralentisseurs anarchiques avant de procéder de commun accord, à la destruction de certains qui seront ciblés.
Cette action luttera également contre le phénomène de grande vitesse sur nos routes, a laissé entendre le ministre, appelant tous les acteurs à s’impliquer pour sa réussite. Selon le bilan du ministère en ce qui concerne la première opération de démolition qui avait débuté le 8 mai 2018, a enregistré « 213 ralentisseurs détruits » sur l’ensemble du réseau routier national bitumé inspecté.
A en croire le secrétaire général de la Fédération nationale des Acteurs du Transport routier (FENAT), Bonaventure Kéré, rien que sur la RN1, on dénombre « 162 ralentisseurs ». Selon M. Kéré, cela a fait que le temps mis pour aller de Ouagadougou à Bobo-Dioulasso est passé de « 4H30-5H à 7H30-8H », soit trois heures de plus. Chose insupportable depuis l’augmentation récente du prix du carburant qui leur cause beaucoup de pertes. « Les ralentisseurs sauvages causent, en plus des accidents au niveau des virages et des ponts, l’usure des engins », a-t-il dit, proposant au gouvernement en lieu et place de ces ralentisseurs, « des avertisseurs ».
Après la phase de sensibilisation, s’en suivra celle de la répression pour les individus qui se feront prendre désormais, a terminé le ministre Vincent Dabilgou.
Par Bernard BOUGOUM