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Violente répression à l’encontre des médias et de l’opposition en Ouganda: Museveni doit arrêter!

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La Commission électorale ougandaise a interdit les campagnes publiques dans 13 districts à l’approche des élections générales du 14 janvier 2021 en Ouganda, où le Président Yoweri Museveni cherche à prolonger son règne de 35 ans dans ce pays enclavé d’Afrique de l’Est. Invoquant le nombre croissant des cas de Covid-19, les campagnes ont été interrompues violemment. De façon inéquitable, seuls les candidats de l’opposition et leurs partisans ont été empêchés à plusieurs reprises de tenir des rassemblements. Ils ont été violemment battus et arrêtés.

Dans la dernière série de violentes mesures de répression, le dimanche 27 décembre, Francis Kalibala a été tué. Il a été « écrasé par un camion de patrouille de la police militaire » alors que lui et certains de ses proches quittaient le district sud de Masaka pour transférer à un hôpital de la capitale, Kampala, le journaliste Saif-llah Ashraf Kasirye qui avait reçu une balle dans la tête.

Francis Kalibala était le garde du corps du candidat de l’opposition ougandaise Robert Kyagulanyi Ssentamu, communément appelé Bobi Wine.

Kasirye quant à lui, est toujours dans un état critique après son opération. Kalibala est la dernière victime de cette campagne électorale.

Ce 28 décembre, des journalistes ougandais ont boudé un point de presse des militaires pour protester contre ce qu’ils ont appelé les passages à tabac et les tirs ciblés sur des membres de la presse pendant la couverture de la campagne électorale.

Au début de la campagne, plus de 50 personnes ont été tuées et des centaines d’autres blessées dans le pays entre le 18 et le 20 novembre, alors que les forces de sécurité répondaient violemment aux protestations contre l’arrestation du candidat de la Plateforme d’unité nationale (NUP) et principale figure de l’opposition, Bobi Wine. Plus de 600 personnes ont été arrêtées en relation avec les manifestations qui, selon la police, se sont déroulées à 116 endroits. Le nombre de morts à Kampala a été le plus élevé jamais enregistré depuis des décennies lors d’événements politiques.

Un autre candidat à la présidence, Patrick Amuriat Oboi, du Forum pour le changement démocratique (FDC), a également été arrêté dans le district oriental de Jinja alors qu’il se rendait sur un autre site de campagne. Son parti rapporte qu’Amuriat a été transporté d’urgence à l’hôpital après avoir été aspergé de gaz poivré et avoir perdu temporairement la vue.

La violente répression s’est également étendue à l’espace civique où les organisations non gouvernementales ont été visées et leurs activités sabotées.

L’Autorité du renseignement financier (FIA) avait, il y a à peine une semaine, gelé les comptes du Réseau des femmes ougandaises (UWONET) et du Forum national des ONG ougandaises pour financement présumé du terrorisme.

Nicholas Opiyo, avocat de renom spécialisé dans les droits de l’homme et responsable du Chapter Four Uganda, a été arrêté le 23 décembre 2020, inculpé et emprisonné pour blanchiment d’argent. Ses co-accusés sont les avocats Simon Peter Esomu, Anthony Odur, Dakasi Herbert et Hamidu Tenywa, un responsable des droits de l’homme du parti NUP.

Or, l’article 29 de la Constitution garantit la protection de la liberté de conscience, d’expression, de mouvement, de réunion et d’association, y compris la liberté de la presse et des autres médias.

Cependant, la mainmise de Museveni sur le pouvoir au fil des ans a rendu difficile le respect des droits les plus fondamentaux des citoyens dans le pays. Le droit de manifester est pratiquement inexistant depuis que la loi de 2013 sur la gestion de l’ordre public (POMA), qui régit les rassemblements publics, a été utilisée pour restreindre les droits. Ce n’est qu’en mars 2020 que la Cour constitutionnelle a annulé une disposition de cette loi qui accordait « à l’inspecteur général de la police, ou à un fonctionnaire désigné, une discrétion absolue et une large autorité pour  » arrêter ou empêcher la tenue d’une réunion publique pour des motifs raisonnables qu’elle soit susceptible de causer une perturbation de la paix ; utiliser la force et disperser les réunions publiques ; ainsi qu’imposer une responsabilité pénale aux organisateurs et aux participants aux réunions publiques ».

Malgré cette annulation, la police, largement partisane et militarisée, détient des pouvoirs incontestables sur les rassemblements publics. Les conditions d’une élection libre et équitable restent incertaines dans un contexte de violence généralisée à l’encontre des opposants politiques.

AfricTivistes s’inquiète de la répression systématique des médias et de l’opposition et de l’impunité dont jouissent les auteurs de ces actes.

AfricTivistes rappelle aux autorités ougandaises que la pandémie COVID-19 ne doit pas être utilisée comme prétexte pour bafouer les droits des citoyens comme l’avait rappelé la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples à tous les pays au début de la pandémie.

AfricTivistes s’inquiète du fait que les autorités ougandaises veulent biaiser le processus électoral sous de faux prétextes afin de priver les Ougandais de leur droit de participer à un processus électoral juste et équitable.

AfricTivistes rappelle que la Constitution ougandaise doit être respectée, en veillant à ce que tous les partis se voient garantir des conditions égales pour la conduite d’une élection transparente et conforme aux exigences démocratiques.

AfricTivistes demande la libération inconditionnelle de toutes les personnes, y compris les dirigeants de la société civile qui ont été détenus sur la base de fausses accusations, et que les autorités garantissent un accès rapide des familles et des avocats aux partisans de l’opposition détenus au secret.

AfricTivistes appelle les forces de sécurité à rester de vrais républicains et à ne pas suivre les ordres illégaux et illégitimes du Président ougandais qui aujourd’hui brutalise son peuple.

AfricTivistes demande également que tous ceux qui sont impliqués dans la violence actuelle et dans le meurtre de plus de 50 personnes en novembre soient traduits devant la justice.

AfricTivistes estime que Yoweri Museveni fait honte à l’Afrique en voulant rester au pouvoir après 35 ans de pouvoir.

AfricTivistes croit fermement que la communauté internationale, en particulier l’Union africaine et les Nations unies, ne doit pas rester indifférente aux excès dictatoriaux de Yoweri Museveni.

AfricTivistes est solidaire du peuple ougandais qui continue à faire entendre sa voix et à défendre ses droits face à la détérioration de la situation sécuritaire dans le pays.

Source : AfricTivistes