Ceci est un communiqué des Syndicats de magistrats relative à une rencontre avec le Collectif de lutte contre l’impunité et la Stigmatisation des Communautés {CISC). Les syndicats invitent à considérer le traitement judiciaire des évènements de Yirgou comme un élément de la réponse.
Le 14 janvier 2019, s’est tenue à Ouagadougou à la demande du Collectif de lutte contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) une rencontre entre, d’une part, une délégation dudit collectif conduite par son porte-parole, Dr Daouda DIALLO, et d’autre part, les représentants des syndicats de magistrats du Burkina Faso.
Après les salutations d’usage, la délégation du Collectif de lutte contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) a déclaré avoir jugé utile de rencontrer les syndicats de magistrats pour présenter ledit collectif et partager certaines préoccupations.
A ce titre, elle a précisé que le Collectif est né à la suite des malheureux évènements de Yirgou; qu’il a cependant une vocation nationale dans la mesure où ce qui est arrivé à Yirgou peut bien être vécu partout au Burkina; qu’il est composé de plusieurs structures associatives sans aucune coloration ethnique et qu’il poursuit principalement trois objectifs :
- la recherche de la vérité et de la justice sur les évènements de Yirgou ;
- la prise en charge des victimes;
- la prévention d’actes infractionnels découlant de la stigmatisation des communautés.
Après avoir développé ces différents objectifs, la délégation du Collectif a insisté sur l’urgence d’une réponse judiciaire et a dit émettre des inquiétudes sur le manque d’interpellation alors que certains auraient revendiqué à visage découvert le massacre d’une communauté à Yirgou. Elle a déclaré souhaiter l’accompagnement des syndicats de magistrats, non seulement, pour la gestion des évènements de Yirgou, eu égard à leur gravité et à leurs possibles conséquences, mais également, pour les actions de prévention que le collectif pourrait être amené à entreprendre.
Réagissant à la suite de la délégation, les syndicats de magistrats ont tenu à saluer la démarche du collectif qui procède d’un esprit de construction. Ils ont dit comprendre et s’associer entièrement à la vive indignation soulevée par les évènements de Yirgou qui doivent absolument recevoir une réponse judiciaire adéquate. Ils ont cependant précisé que l’indépendance de la justice s’impose aux syndicats de magistrats eux-mêmes et qu’ils ne peuvent donc pas donner d’instructions aux magistrats dans le cadre des affaires dont ils sont saisis; qu’ils restent cependant convaincus que les informations qui leur parviennent relativement au parfait déploiement du Procureur du Faso près le TGI de Kaya et des officiers de police judiciaire exerçant sous son contrôle sont de nature à concourir à la qualité de la réponse judiciaire à apporter.
Tout en invitant la délégation à fournir toute information utile dont elle pourrait être détentrice aux autorités judiciaires compétentes, les syndicats ont attiré l’attention du Collectif sur deux aspects qui leur paraissent essentiels :
premièrement : la nécessité d’une juste information aux victimes des évènements de Yirgou sur le temps que peut prendre la procédure judiciaire au regard, non seulement, des exigences procédurales prévues par la loi en de telles circonstances, mais également, du nombre de victimes et probablement de personnes pouvant être mises en cause. Une saine information sur cet aspect aura l’avantage de soustraire les victimes déjà suffisamment éprouvées du risque d’un supplice supplémentaire que pourrait créer la désillusion quant à la possibilité d’une procédure rapide tenant sur quelques mois;
- deuxièmement : la nécessité de considérer le traitement judiciaire des évènements de Yirgou comme un élément de la réponse à apporter mais pas comme la réponse totale. En effet, le fait que dans des situations antérieures plus ou moins semblables, il y ait eu des détentions et des décisions de condamnations et qu’en dépit de cela, les évènements de Yirgou se soient produits, permet de retenir que le traitement judiciaire, quoique nécessaire, ne doit pas être regardé comme suffisant pour prévenir de telles situations contrairement à ce qu’ont donné à penser certaines sorties publiques d’hommes politiques ces derniers temps.
Les syndicats ont exprimé leur disponibilité à échanger de façon plus approfondie sur les préoccupations du Collectif, mais ont souhaité, afin que nul n’en ignore, pouvoir le faire dans un cadre tripartite comprenant:
les représentants des syndicats de magistrats;
une délégation du Collectif de lutte contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC};
- une délégation gouvernementale comprenant notamment le Premier Ministre, le Ministre de la justice, le Ministre de la défense et le Ministre de la sécurité.
Le Collectif a salué l’idée de la tenue de cette rencontre tripartite et a promis de travailler dans ce sens.
Ouagadougou, le 21 janvier 2019